L’urgence climatique à laquelle nous faisons face nous force à explorer toutes les pistes pouvant permettre une réduction de nos émissions de gaz à effet de serre. En France, le secteur des transports est le deuxième plus gros émetteur avec 27% des émissions à l’échelle nationale. Que ce soit pour faire les courses alimentaires, aller travailler ou pour leurs loisirs, les Français sont friands de la voiture individuelle. En Île-de-France, 41 % des déplacements domicile – travail sont réalisés en voiture et dans la plupart des cas, les automobilistes sont seuls dans leur voiture.
Une bonne méthodologie
L’approche méthodologique dans la réalisation d’un Plan de Mobilité est cruciale et doit être adaptée au contexte de l’entreprise.
Dans un premier temps, il s’agira de nommer une personne en charge du plan de déplacement en entreprise. Son rôle sera de s’assurer du bon déroulement du projet et de faire le lien entre toutes les parties prenantes (internes et externes à l’entreprise).
Par la suite, il faudra réaliser le diagnostic d’accessibilité du site ; évaluer les modes de déplacements et les infrastructures disponibles pour accéder à l’entreprise.
Puis, il conviendra de réaliser une enquête auprès de ses collaborateurs afin d’évaluer leurs usages et leurs besoins. Les résultats de l’enquête seront à analyser en parallèle de la géolocalisation des salariés afin d’identifier les actions les plus pertinentes à implanter dans l’entreprise.
Tout au long de l’élaboration du plan de mobilité il est vital d’impliquer les collaborateurs et de communiquer autour des actions misent en place.
Plan de Mobilité du site d’une célèbre compagnie d’assurance
À l’occasion du rapprochement de deux établissements dans le nord de la France, l’entreprise a pris connaissance de l’obligation réglementaire, visant à mettre en place un plan de mobilité.
Un site de 200 salariés devait déménager dans des locaux, qui hébergeaient déjà près de 300 collaborateurs.
La fusion de ces deux sites a engendré de nombreux travaux dont le réaménagement complet des espaces de travail. En revanche, le site ne disposait pas de places de parking suffisantes pour tous les salariés (seulement 218) d’où la nécessité de revoir les modes de déplacement des collaborateurs.
Diagnostic d’accessibilité
Situé en zone péri-urbaine, le site n’est pas très bien desservi. Pendant les heures de pointe, les axes menant au site sont très souvent bouchés, les trajets peuvent s’allonger de plus de 25 minutes.
L’offre de transport en commun aux abords est très limitée, un arrêt de tramway dessert la zone régulièrement et quelques pistes cyclables sont disponibles. Cependant aucune infrastructure vouée à inciter les collaborateurs à utiliser des modes de transport doux n’avait été mise en place. L’établissement ne disposait pas de vestiaires ou de douches, seulement de quelques abris à vélo en mauvais état. La sécurité des infrastructures à proximité n’était pas optimale : manque d’éclairage dans les rues voisines, des trottoirs relativement étroits, …
Après avoir comparé la géolocalisation des salariés par rapport à l’adresse du site. Nous en avons déduit que les collaborateurs parcouraient en moyenne 23 kilomètres pour se rendre sur leur lieu de travail. En revanche, 20% d’entre eux avaient la chance de vivre à moins de 5 kilomètres du site.
Résultats de l’enquête
Selon l’enquête menée auprès des collaborateurs, la grande majorité (soit 63%) se rendaient sur le site en voiture. Hors, plus de la moitié rencontraient des difficultés pour se stationner. Selon nos estimations, en faisant une moyenne de tous les jours de la semaine, il manquait environ 80 places au parking pour accueillir tous les salariés. L’enquête permit également de relever que 50% des déplacements de moins de 5 kilomètres étaient effectués en voiture individuelle.
Les collaborateurs ont largement plébiscité la mise en place d’une plateforme permettant une mise en relation entre les covoitureurs, l’installation de douches, vestiaires et abris à vélo, la rénovation des infrastructures dédiées aux piétons, la mise en place d’une aide financière type IKV pour les cyclistes et un remboursement plus important de l’abonnement aux transports en commun.
Le plan d’action
Après avoir effectué le diagnostic d’accessibilité du site et avoir mené une enquête auprès des collaborateurs, l’analyse croisée de ces données nous on permit de proposer un plan d’action. Les grands axes retenus ont été :
- Inciter à la pratique des modes doux en installant des arceaux à vélo et en étudiant la possibilité d’une participation financière de la part du CE lors de l’achat d’un vélo.
- Favoriser l’utilisation des transports en commun en proposant un essai d’abonnement TER avec un mois offert, en augmentant le remboursement des abonnements et en facilitant l’accès au site depuis le tramway.
- Développer la pratique du covoiturage en développant une application de covoiturage en interne et en réservant des places de stationnement aux covoitureurs.
- Optimiser les déplacements et sensibiliser les covoitureurs en favorisant la pratique du télétravail, en développant une application visant à informer du taux de remplissage du parking, en ajoutant dans la grille des véhicules de fonction la possibilité de choisir un véhicule hybride.
Résultats obtenus
Il est encore trop tôt pour parler de retombées chiffrées mais cette politique a permis de pallier au manque de places de stationnement.
Le télétravail a été largement déployé et les collaborateurs en sont très satisfaits, plus de 50% en bénéficient et en font plus de deux jours par semaine.
La pratique des modes doux connait un vif succès, notamment au printemps et en été. La responsable du site a décidé de mettre en place des ateliers de sensibilisation à la marche et au vélo chaque année, à l’arrivée des beaux jours.
La pratique du covoiturage n’a pas connu un grand succès mais quelques équipages se sont formés.
Dans l’ensemble les résultats sont bons mais ce qui a réellement évolué c’est le regard des collaborateurs sur leur mobilité.
Les principaux critères de réussite d’un plan de mobilité sont : l’implication de la direction et de la communication. Il est vital que le groupe en charge de l’implantation et du développement du plan de mobilité le fasse vivre auprès des collaborateurs à travers une communication continue, des ateliers de concertation et de sensibilisation. Le plan de déplacement en entreprise vise aussi bien à optimiser les déplacements du site qu’à faire évoluer les mentalités et ces changements prennent un certain temps à opérer.
Charlotte Catrou – Chargée de Communication