mobilite | 29/09/21

Pollution sonore liée à la mobilité : quels impacts ?

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Impacts de la mobilité

Le Conseil national du bruit a récompensé en 2019 du Décibel d’Or des initiatives portées par des industriels, collectivités ou association innovantes dans le domaine de la réduction des nuisances et de la pollution sonore. Cela met en lumière l’importance du sujet de lutte contre la pollution sonore. Ce phénomène dépasse le niveau de la simple nuisance et résulte d’une concentration de bruits, pas nécessairement intolérables au premier abord, mais persistant sur la durée et qui affecte l’organisme humain, (comme la biodiversité).

Les transports comme première source de pollution sonore

Selon l’OMS1, les seuils limites d’exposition au bruit sont de 68 décibels, au-delà desquels les populations courent des dangers importants en termes de santé. La pollution sonore a plusieurs causes : les trafics routier, aérien, ferré, les travaux, ou les bruits de voisinage. Pour exemple, un avion au décollage émet 130 décibels dans un rayon de 100 mètres.

Selon un rapport de l’ADEME2, le trafic routier est responsable de la pollution sonore, devant le trafic aérien et ferroviaire. Plus précisément, et selon une enquête3 réalisée par le Centre d’information sur le bruit, 57% de la gêne des personnes interrogées est causée par les deux-roues motorisés, viennent ensuite les voitures (25%), les klaxons (12%) et les camions (6%).

Des impacts indéniables sur la santé humaine et la biodiversité

La pollution sonore a un coût social important. En effet, près de 25 millions de personnes en France en souffrent. Ce sont ainsi 694 000 années de vie en bonne santé qui sont perdues chaque année, du fait de la morbidité que cette pollution génère. Plus largement, le rapport4 de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE) montre que quasiment 20% de la population européenne est exposée à des niveaux de bruit de longue durée nuisant à la santé.

La pollution sonore constitue indéniablement un risque pour la santé humaine. L’audition peut être affectée : surdité, acouphènes ou hyperacousie. L’espérance de vie est altérée par des effets néfastes sur les systèmes immunitaire, endocrinien et cardiovasculaire. Il peut également avoir un impact sur la vie sociale, provoquer des troubles du sommeil, de l’anxiété, et plus largement sur la santé mentale. Certaines populations sont particulièrement vulnérables au bruit, comme les enfants, les personnes âgées ou les personnes souffrant de déficiences auditives.

Le bruit a aussi des impacts sur la biodiversité. En effet, les espèces qui utilisent l’écholocalisation pour se déplacer et communiquer sont des cibles de cette pollution. À noter que pendant le confinement de mars 2020, la diminution globale du bruit a permis de revoir certaines espèces marines s’approcher des côtes, ou entendre de nouveau le chant des oiseaux.

Des coûts socio-économiques non négligeables

Les externalités négatives de cette pollution, autrement dit, ses conséquences sur la santé et sur l’économie, ont été étudiées et recensées par l’ADEME dans l’enquête précitée. Elle évalue le coût social du bruit, payé par la collectivité afin de le compenser, à 155,7 milliards d’euros par an. Afin de le chiffrer, l’agence s’est fondée sur la valeur du prix donné à une année de vie en bonne santé estimée à 132 000€ en 20205 .

Ce coût social prend en compte les coûts sanitaires liés aux maladies dues à la pollution sonore, les médicaments permettant de les soigner, ou la mortalité prématurée. À ce coût social s’ajoute l’économique. Pour exemples, la décote de l’immobilier, ou les répercussions économiques liées au manque de productivité représentent 7,6 milliards d’euros.

La nécessité de fixer des objectifs ambitieux en matière de réduction du bruit

Malheureusement, selon le rapport de l’AEE, il est peu probable que le bruit soit réduit de manière drastique en raison de la croissance urbaine et de la demande accrue de mobilité. La mobilité quotidienne est un enjeu environnemental et global pour le bien-être des populations. A ce titre, la Loi d’Orientation des Mobilités rappelle la nécessité d’une politique permettant la mise en œuvre du “droit reconnu à chacun de vivre dans un environnement sonore sain”, et ce, en surveillant, réduisant ou supprimant les pollutions sonores et préservant la qualité acoustique. Elle charge les Autorités Organisatrices de la Mobilité (AOM) de contribuer à ces objectifs de lutte contre la pollution sonore. À cet effet, des capteurs ont été installés à titre expérimental, afin de capter les niveaux d’émissions sonores des véhicules6.

À l’issue du confinement, les français ont aspiré à un paysage sonore apaisé. Afin d’établir un véritable changement, il apparait nécessaire d’avoir recours à des stratégies combinées, regroupant des politiques ambitieuses en matière de bruit, des innovations technologiques, une réduction du bruit à la source, une planification urbaine repensée, mais aussi un changement dans les comportements individuels. Même s’il y a une prise en compte en amont des nuisances sonores, lors de la construction ou de la modification d’une installation de transport, il y a une nécessité d’augmenter les obligations règlementaires. Ainsi, des solutions techniques innovantes sont développées, telles que le revêtement des routes avec des enrobés anti-bruit, l’utilisation de pneus silencieux par les transporteurs publics, une meilleure isolation des locaux et des logements professionnels, non seulement pour la chaleur mais aussi pour le bruit. Par ailleurs, le développement des zones à faibles émissions (ZFE) et la création de zones calmes, comme les espaces verts, permettront de ramener le calme dans les zones urbaines et de favoriser la biodiversité.

Exemples bénéfiques d’évolutions réglementaires récentes

La volonté politique de réduire le nombre de voitures à Paris, matérialisée récemment par la limitation de la vitesse à 30 km/h dans la quasi-totalité de la capitale, vise à améliorer la sécurité routière, notamment en partageant mieux l’espace avec les mobilités douces. Elle permet aussi une réduction de la pollution atmosphérique, et de la pollution sonore, en divisant par 2 le bruit (de l’ordre de –3 décibels) aux abords des voies de circulation. Une bonne nouvelle quand, sur les 25 millions d’habitants en France touchés par la pollution sonore, 1 tiers sont des franciliens8.

La ville de Nantes, en plus d’avoir généralisé la zone 30, a interdit la circulation des deux-roues motorisés dans les zones piétonnes du centre-ville dès la fin de la matinée. En effet, la crise sanitaire a entraîné une forte augmentation des livraisons en deux-roues motorisés, générant des nuisances sonores excessives pour les riverains. Les scooters électriques apparaissent donc comme une alternative efficace pour limiter la pollution.

Des modes de déplacements plus cohérents à adopter en centre-ville sont évidemment à encourager, comme la marche ou le vélo, qui ne génèrent aucune pollution. Ainsi, la Semaine européenne de la mobilité qui se déroule chaque année du 16 au 22 septembre est l’occasion de franchir le pas et d’adopter un moyen de déplacement non bruyant.

Célia FALENTIN, Consultante Mobilité Durable

Sources :

  • (1)LCI
  • (2)Actu environnement
  • (3)Enquête sur l’évolution de la perception du bruit liée à la crise sanitaire
  • (4)Le bruit dans l’environnement en Europe
  • (5)Commission Quinet
  • (6)CEREMA
  • (7)Le Parisien

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