À l’origine, le terme biodiversité désigne la relation et les interactions existantes entre les milieux naturels et toutes les formes de vie qui les occupent. L’Homme fait partie des multiples relations d’interdépendance du vivant, de fait, nous faisons partie de la biodiversité et avons construit nos sociétés autour des services qu’elle nous rend. De nos jours, plus de la moitié de la population mondiale habite des espaces urbains. Des interactions entre toutes les formes de vies occupants les zones urbanisées et le milieu se sont mises en place. C’est ce qu’on appelle la biodiversité urbaine.
Comme les villes ont étés créés par et pour l’homme, on pourrait supposer que la nature n’y a pas sa place, pourtant certaines espèces prospèrent plus en ville qu’en milieu rural ou forestier. C’est le cas par exemple des espèces généralistes qui ne sont pas rattachées à un milieu spécifique et qui peuvent s’adapter à vivre en zones urbanisées, c’est le cas par exemple du pigeon ramier, de la corneille noir ou encore du geai des chênes. C’est l’épanouissement de ces formes de vie en ville qui nous garantissent en partie, une bonne qualité de l’air, de l’eau et qui régule la température. La biodiversité urbaine est également source de bien être, de santé physique et psychique pour les résidents.
Les conditions ne sont toutefois pas faciles pour toutes les espèces : pollution élevée, perturbation du sol, régime hydraulique modifié, effet d’îlot de chaleur urbain, propagation de virus etc… Il est nécessaire de prendre en compte, protéger et développer durablement la biodiversité de nos villes.
La biodiversité est pour les sociétés humaines à la fois support et fournisseur de biens et services, dont nous dépendons, y compris dans nos activités économiques. Chaque année, la nature donne à l’économie mondiale l’équivalent de 23 500 milliards d’euros. Et pourtant, 60% des services vitaux fournis à l’homme par les écosystèmes se détériorent à cause de nos activités. Il en est de même pour les espèces qui disparaissent 100 à 200 fois plus rapidement comparé au taux d’extinction naturel. Un point positif, il nous reste entre 3 et 28 millions d’espèces à découvrir.
Dans les 50 plus grandes villes de France, le budget moyen annuel par habitant consacré aux espaces verts (création + entretien) est de 46,50€ pourtant on ne compte que 0,2 arbres en moyenne par habitant. Il est donc important que les collectivités intègrent la biodiversité dans les politiques d’aménagement du territoire.
Ne minimisons pas pour autant la biodiversité présente en milieu urbain, la ville de Paris accueille à elle seule 32 espèces de mammifères, 761 types de plantes à fleurs, 166 espèces d’oiseaux, 36 espèces de poissons et environ 1000 espèces d’invertébrés. Malheureusement 11 espèces sont considérées comme en voie d’extinction.
Quels sont les enjeux pour les collectivités et les entreprises ?
La gestion et la protection de la biodiversité urbaine prend de plus en plus d’importance dans notre société et les activités des entreprises peuvent avoir de lourdes conséquences sur notre environnement.
75% des entreprises se trouvent à moins de 5kilomètres d’une ZIE (Zone à Intérêt Écologique). Il est primordiale qu’elles intègrent la biodiversité dans leur stratégie d’entreprise, afin d’évaluer les conséquences de leurs activités sur les écosystèmes environnants et qu’elles compensent leurs impacts.
La modification des milieux est également à prendre en compte, afin d’anticiper les futures dégradations et la raréfaction des ressources. L’activité d’un grand nombre d’entreprises dépend directement de la biodiversité ; certains groupes agroalimentaires par exemple se servent des céréales comme matières premières. L’industrie pharmaceutique utilise des principes actifs, qui très souvent, proviennent de molécules naturelles. L’érosion de la biodiversité risquera de nuire à l’activité des entreprises si elles ne mettent pas en place une politique de protection afin de pérenniser ces ressources.
Les collectivités ont aussi un rôle majeur dans la préservation de la biodiversité. De nombreuses actions peuvent être mises en place :
- La création de trame verte et bleue (réseau de continuités écologique) afin de protéger les espèces de l’urbanisation.
- La végétalisation des villes, pour réguler la température, limiter le ruissellement, maintenir les sols et offrir des abris et des nids à la micro-faune.
- Redonner aux citoyens une « expérience de nature » que ce soit par le soin (animaux de compagnie, ruches, plantes d’intérieur), le jardinage (jardins communautaires), l’observation et l’écoute (oiseaux, fleurs, insectes). Reconnecter les citadins à la nature afin qu’ils prennent conscience qu’ils en font partie et qu’ils ont besoin de la nature pour vivre.
Charlotte Catrou, Chargée de communication