
L’heure du choix…
Nous avons, comme vous, suivi ces semaines de traductions et de synthèses, souvent répétitives, du paquet législatif Omnibus dévoilé fin février 2025 par la Commission européenne, et des très (trop) nombreux commentaires autour du démantèlement programmé de la CSRD.
Pragmatiques, nous avons préféré nous éloigner des spéculations et de l’inaudible « brouhaha » de ces dernières semaines, mais aussi prendre du recul et du temps pour mieux appréhender les réelles implications de toute cette agitation et de tous les changements, ralentissements et renoncements envisagés.
Au lendemain de la validation définitive de la directive suspensive « Stop the clock » par le Conseil de l’Union Européenne, nous souhaitons partager notre vision et notre positionnement, notamment auprès de nos clients, nos partenaires, notre écosystème, toutes celles et tous ceux qui nous suivent fidèlement et nous font confiance depuis maintenant plus de 15 ans.
DES INCERTITUDES RÉGLEMENTAIRES, MAIS LA NÉCESSITÉ DE GARDER LE CAP !
Les entreprises sont entrées dans une période de confusion, sans savoir quelles seront leurs obligations, ou non, dans les mois ou les années à venir. Processus parlementaire européen, transposition en droit national… après cela, il est certain que moins d’entreprises seront concernées par les évolutions du reporting de durabilité, que moins de données seront à reporter, et que plus de temps sera accordé… à suivre ! Dans ce contexte, faut-il ralentir et attendre ? Faut-il oublier tout ce pour quoi les entreprises s’engageaient avant ? Les éléments de réponse à ces questions, nous les connaissons toutes et tous, mais il semble nécessaire de les rappeler.
Les enjeux et les responsabilités ne disparaissent pas pour les entreprises qui ne seraient plus assujetties, ils changent simplement de forme. Les grandes entreprises devront toujours collecter des données ESG de leurs fournisseurs pour répondre à la CSRD. Les banques exigeront des informations standardisées pour évaluer le risque de leurs financements. Les investisseurs privilégieront les entreprises alignées sur les attentes de durabilité. La société civile, les clients, les consommateurs, les salarié.es porteront toujours des attentes fortes vis-à-vis des engagements sociaux et environnementaux des entreprises.
Assujetties ou non, ne pas attendre, garder le cap, anticiper aujourd’hui pour ne pas subir demain, avoir une réflexion pour transformer son modèle d’affaires et le rendre plus durable… est un véritable levier de compétitivité, si ce n’est une nécessité pour espérer pérenniser son activité.
Le défi climatique et énergétique, l’érosion de la biodiversité, le dépassement des limites planétaires, le challenge de l’adaptation au changement climatique, et toutes les problématiques sociales et sociétales, ne ralentissent pas et n’attendront pas la fin des tergiversations réglementaires européennes et nationales.
Dix ans après les congratulations et les embrassades à l’annonce de l’Accord de Paris, cinq ans après la crise sanitaire et les invocations du « monde d’après », la crédibilité de nos décideurs est sacrément mise à mal. Qu’en est-il de la crédibilité des acteurs de l’économie privée ?
L’HEURE DE CHOISIR SON CAMP !
Beaucoup d’entre vous nous l’ont dit : les démarches ESG actuelles ne doivent plus être subies, mais souhaitées, et portées par les directions des entreprises. Il est temps de réorienter les budgets « RSE » et l’énergie associée, non vers la mise en conformité et l’audit, mais vers la stratégie et les actions !
Les périodes d’incertitudes, de doutes et de difficultés révèlent les vraies intentions. C’est l’heure de vérité ! Les politiques nous ont encore une fois déçus, mais nous restons convaincus que les acteurs économiques, les entreprises, sont les premières et véritables actrices du changement, si elles choisissent leur camp, à l’image des presque 10 000 entreprises certifiées B Corp dans le monde. La situation actuelle place aujourd’hui les organisations face à leurs responsabilités.
C’est l’heure du choix : attendre que les atermoiements politiques et réglementaires trouvent une fin, probablement décevante et « a minima », montrer ainsi que les véritables raisons des engagements RSE communiqués avec fracas ne tiennent que par obligation, et mettre possiblement en péril la pérennité à long terme du modèle d’affaires par manque d’anticipation ;
Ou se mettre au travail pour faire face à l’avenir – en réalisant une double matérialité, en élaborant et en déployant une politique RSE, en mobilisant et en valorisant ses engagements, en s’appuyant sur la norme VSME (Voluntary Standards for Micro and Small Enterprises) ou la CSRD pour le reporting – et planifier ainsi la transformation durable de son entreprise, et montrer un engagement conscient, sincère et, nous l’espérons, ambitieux !
Dans un monde qui se polarise, qui remet en question certains fondamentaux de nos sociétés, qui voit des dirigeants de très grande puissance prendre des mesures qui vont à l’encontre des impératifs environnementaux – « Drill, baby, drill ! » – et des exigences en matière de diversité, d’inclusion et de solidarité, personne ne peut rester neutre. Il va falloir choisir son camp !