climat | 23/07/20

Trajectoire 1,5°C : Un objectif compromis ?

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En 2015, la communauté internationale avait fixé l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 2°C, voire 1,5°C, d’ici 2100, par rapport à l’ère préindustrielle. Avec l’accélération du réchauffement actuel, ce seuil pourrait toutefois être dépassé dès 2024. Quelles sont les causes et conséquences de ce réchauffement et comment le limiter ?

 

Hiver 2019 : nouveau record de température

Des records de chaleur ont été battus en février 2020, faisant de l’hiver 2019 le plus chaud jamais enregistré, selon les prévisions de Météo France. Et la tendance devrait se poursuivre sous l’effet du changement climatique selon les scénarios par le Groupe Intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Selon une étude du service de météorologie britannique, le Met Office, l’objectif de l’Accord de Paris que s’était fixée la communauté internationale pourrait être dépassé temporairement dès 2024, compromettant ainsi nos chances de réussir à limiter le réchauffement à 2°C. En effet, les États du monde entier s’étaient engagés à tout faire pour que le réchauffement soit limité à 2°C, voire 1,5°C, d’ici la fin du siècle par rapport à l’ère préindustrielle, seuil à ne pas dépasser si l’on veut empêcher des changements climatiques irréversibles pour la planète. Selon le Met Office toujours, les cinq prochaines années devraient encore battre des records de températures.

 

Quelles conséquences environnementales dans un monde à +1,5°C ?

Le réchauffement climatique causé par la hausse de concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère ne sera pas sans conséquence. Le GIEC dévoilait en octobre 2018 son rapport spécial sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5°C et de 2°C.

Les vagues de chaleur seraient plus chaudes de 3°C dans le cas d’un réchauffement de 1,5°C, et de 4°C dans le cas d’un réchauffement de 2°C. Concernant la santé humaine, l’augmentation de la température entrainerait une augmentation de l’incidence des maladies à transmission vectorielle et de la mortalité liée à la chaleur. Le risque de pluies torrentielles serait plus élevé dans un monde à +2°C. La biodiversité connaîtrait des pertes, plus importantes avec un réchauffement à +2°C. Les rendements agricoles diminueraient. L’eau deviendrait plus rare, exposant 250 millions de personnes à une pénurie nouvelle ou aggravée dans le cas d’un réchauffement à +1,5°C et 500 millions dans le cas d’un réchauffement à +2°C. Les récifs coralliens seraient fortement impactés, avec des pertes allant de 70 à 99%. La prise annuelle de poissons se verrait réduite. La banquise arctique serait amenée à fondre, 1 fois par siècle dans le cas d’un réchauffement à 1,5°C et 1 fois par décennie dans le cas d’un réchauffement à 2°C. De plus, le permafrost fonderait d’une surface de 21 à 37% libérant 0,16 Gt de carbone pour un réchauffement à 1,5°C, et libérant 0,12 à 0,25 Gt pour un réchauffement de 2°C. Enfin, le niveau de la mer s’élèverait de 26 à 77 cm d’ici 2100 pour +1,5°C, et de 10 cm de plus pour une augmentation de 2°C.

Si les impacts apparaissent importants à 1,5°, et encore plus à +2°C de réchauffement, les conséquences du réchauffement actuel sont déjà bel et bien visibles (augmentation des extrêmes météorologiques, élévation du niveau de la mer et diminution de la banquise arctique, inondations plus fréquentes notamment dans le sud de la France, incendies en Australie et Amazonie…).

Afin de respecter le seuil des 1,5°C, le GIEC estime que les émissions mondiales de CO2 devraient diminuer de 45%, avant d’atteindre la neutralité carbone en 2050. A l’inverse, si rien n’est fait, le réchauffement climatique atteindrait +5,5°C en 2100.

 

Comment s’aligner sur cette trajectoire 1,5°C en France ?

Pour rester alignée sur une trajectoire de réchauffement à +1,5°C, la France doit abaisser ses émissions de 63% d’ici à 2030. Pour respecter cette diminution, de nombreuses mesures sont à mettre en œuvre.

Parmi les actions proposées par le Cabinet B&L Evolution dans son infographie « Comment s’aligner sur une trajectoire compatible les 1,5°C ? » (2018) pour réduire les émissions de CO2 à l’horizon 2030 par rapport à 2017, on retrouve notamment l’interdiction des ventes de véhicules neufs aux particuliers, des voitures thermiques dès 2024, la généralisation du télétravail, un couvre-feu thermique entre 22h et 6h, une taxation sur la consommation d’électricité, des restrictions sur le visionnage de vidéos et l’achat de vêtements neufs, la suppression de vols intérieurs, l’interdiction des vols hors Europe non justifiés, la baisse de la consommation de viande ou encore les quotas sur les produits importés.

L’empreinte carbone des Français doit ainsi être divisée par 2,7, passant de 10Tco2E par habitant en 2018 à 3,7 Tco2E par habitant en 2030.

Si la plupart de ces mesures paraissent irréalisables, elles laissent tout de même entrevoir l’ampleur de l’effort à fournir, pas seulement de la part du Gouvernement mais aussi des consommateurs. C’est l’ensemble de nos sociétés que nous devons transformer dès à présent et radicalement. Pour respecter ces objectifs, le changement doit être radical, concernant nos modes de vie, nos territoires et nos entreprises. Il faut à présent se tourner vers la résilience et l’adaptation des territoires et organisations pour affronter le changement climatique à venir.

 

Sources :

 

Julie ALLAVENA – Consultante Développement Durable

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