biodiversite | 28/09/20

Réintroduction des néonicotinoïdes : Retour des pesticides « tueurs d’abeilles » en France

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En 2018, la France avait décidé d’interdire définitivement les néonicotinoïdes, ces insecticides « tueurs d’abeilles ». Malheureusement le 5 août 2020, ils ont été de nouveau autorisés jusqu’en 2023 dans les champs de betterave pour lutter contre la prolifération de pucerons provoquant la jaunisse. Cette décision du gouvernement ne passe pas pour les apiculteurs.

 

Les néonicotinoides sont une classe d’insecticides neurotoxiques, introduits sur le marché en 1994.  On les utilise pour enrober des semences, principalement pour la betterave sucrière. Le pesticide agit dans toute la plante et on en retrouve évidemment dans le nectar et le pollen des plantes cultivées. Les scientifiques se sont aussi rendus compte que les néonicotinoides qui sont solubles dans l’eau, se déplaçaient dans le sol et étaient donc absorbés par d’autres cultures.

Pourquoi les appelle-t-on les « tueurs d’abeilles » ? Car ils agissent sur le système nerveux des insectes et altèrent leurs capacités de navigation. De plus, les abeilles ouvrières exposées au pollen contaminé auraient une espérance de vie réduite de plus de 20%.

Alors pourquoi le gouvernement a-t-il pris cette décision qui ne parait pas très bee-friendly ? Probablement à cause de la pression du lobby de la betterave sucrière, qui avance qu’il n’y a pas d’autre solution pour lutter contre les pucerons responsables de la jaunisse. Rappelons la puissance de l’industrie sucrière en France, qui produit 38 millions de tonnes de betteraves par an, pour 45 000 emplois et un milliard d’euros d’excédent. Les producteurs de betterave se défendent en signalant que la betterave n’étant pas une plante mellifère, l’impact sur la santé des abeilles serait moindre.

 

Ces arguments ne sont pas valables puisque comme nous l’avons dit plus tôt, les néonicotinoides ont un fort potentiel de dispersion dans le sol, et donc de contamination des cultures suivantes. De plus, qu’en est-il de la mise en place de pratiques de lutte plus durable au sein de la filière betterave sucrière ? Elle avait eu le droit à un délai de 2 ans, entre 2016 et 2018, pour changer ses pratiques et mettre en place des solutions de lutte respectueuse des écosystèmes.

La colère des apiculteurs n’est donc pas prête d’être calmée.

 

On pourra dire que cette rentrée 2020 aura été riche en régressions en matière de décisions gouvernementales liées à l’environnement. Entre ces dérogations accordées pour les néonicotinoides, les mesures très favorables aux chasseurs ou encore l’évincement de certaines propositions fortes de la Convention Citoyenne pour le Climat, le gouvernement fait bien comprendre par ses actions que la protection de l’environnement n’est pas prioritaire pour lui…

 

 

Chloé BROTTIER, Consultante Biodiversité

 

Sources :

  • L’Abeille de France de Septembre 2020 – N° 1082
  • Article de François Launay, revue 20 Minutes : Hauts-de-France : Sécheresse, néonicotinoïdes… Le blues des apiculteurs nordistes
  • Union Nationale de l’Apiculture Française, Pesticides et abeilles
  • Futura Planète, néonicotinoïdes : le risque pour les abeilles est confirmé publié en 2018
  • Libération, Les néonicotinoïdes de retour dans les champs de betteraves de Thibaut Ghironi publié le 7 août 2020

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