climat | 17/10/18

ISR et RSE

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Les deux piliers du développement durable

Les entreprises françaises sont parmi les leaders mondiaux de la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises), d’après la plateforme EcoVadis. En revanche, l’ISR (Investissement Socialement Responsable) n’est guère connu par le grand public français. Au regard des nombreux évènements récents autour de la finance responsable, cela va bientôt changer…

Selon un sondage réalisé par l’IFOP en août 2018, 68% des Français n’ont jamais entendu parler de l’ISR, un concept qui applique les principes du développement durable aux placements financiers. Ainsi, seulement 5% des Français possédant au moins un produit d’épargne ont déjà investi dans un fonds d’ISR.

Ces chiffres sont parus en amont de la Semaine de la Finance Responsable, qui a eu lieu à Paris du 27 septembre au 4 octobre dernier. Un rassemblement qui comptait combler cette méconnaissance par un effet de choc en installant, devant la Bourse à Paris, une sculpture d’ours famélique sur un morceau de banquise affichant le slogan #EXIGEZ ISR.

 

L’attention est actuellement – et à juste titre – focalisée sur le défi climatique. Une des leçons les plus importantes à retenir après cette semaine de mobilisation est l’urgence d’investir dans la lutte contre le changement climatique. Le nouveau rapport du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat) a également transmis un message alarmant au monde de la finance. Cet élan pour la « finance pour le climat » ne montre pas de signes de ralentissement : le Positive Investors Forum et le Climate Finance Day sont prévus à Paris en novembre. Cette mobilisation pour le climat est un signe positif, mais doit être accompagné d’un coup d’accélérateur de l’ISR en général.

 

Les critères ESG : le lien entre ISR et RSE

Lorsque les investisseurs cherchent à se mettre au vert, comment peuvent-ils choisir les meilleures entreprises dans lesquelles investir ?

C’est là où les critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance), connus à l’échelle internationale, entrent en jeu. Outres les critères financiers classiques, ceux-ci permettent aux investisseurs de distinguer les entreprises les plus responsables des autres.

  • Critère Environnemental : impact de l’activité de l’entreprise sur l’environnement (gestion des déchets, émissions de gaz à effet de serre, consommations énergétiques, etc.).
  • Critère Social : comportement de l’entreprise en matière sociale (prévention des accidents, formation du personnel, respect des droits humains et des droits des employés, chaîne de sous-traitance, dialogue social, etc.).
  • Critère de Gouvernance : manière dont les entreprises sont dirigées, administrées et contrôlées (indépendance du conseil d’administration, lutte contre la corruption, structure de gestion et présence d’un comité de vérification des comptes, etc.).

Selon une étude commandée par HSBC, 61% des investisseurs et 48% des entreprises dans le monde ont mis en place une stratégie intégrant les critères ESG. Le pourcentage des investisseurs en Europe qui incluent ces critères dans leur politique d’investissement est encore plus élevé, à 85%.

La théorie sous-jacente est que les entreprises qui intègrent ces critères à leur démarche RSE ont une vision plus durable menant à des résultats financiers plus performants à long terme. Ceci attire ainsi des investisseurs souhaitant obtenir de meilleurs retours sur investissement.

 

La déclaration de performance extra-financière

Depuis le premier septembre 2017, la directive européenne 2014/95/EU transpose au droit français un changement de dispositif pour le reporting extra-financier. N’étant plus soumises à la réglementation de la loi  « Grenelle II » qui exigeait un reporting RSE, les grandes entreprises concernées sont maintenant obligées de mener une déclaration de performance extra-financière afin de rendre compte des impacts de leur activité. En outre, on observe quelques petites entreprises pionnières qui se soumettent de manière volontaire à cet exercice. La déclaration doit contenir une présentation des risques, une description des politiques mises en œuvre pour limiter ces risques ainsi que les résultats de ces politiques.

 

La notation extra-financière et les labels

Bien qu’un nombre croissant d’entreprises intègrent les critères ESG dans leur déclaration de performance extra-financière, il reste le problème de comment juger leur prise en compte en tant qu’investisseur.

Des agences de notation extra-financière existent, évaluent et notent les entreprises au regard de leurs pratiques ESG, à partir d’analyses de sources diverses (les entreprises elles-mêmes, leurs parties prenantes, les médias, etc.). Ces notations aident les investisseurs de fonds ISR à choisir pour leurs portefeuilles les entreprises les plus « responsables ».

En France, il existe aussi des labels qui permettent d’identifier les investissements responsables, par exemple :

  • Le Label TEEC (Transition Énergétique et Écologique pour le climat) est l’indicateur de performance ESG le plus reconnu et abouti en France. Ce label reconnaît depuis 2014 l’ensemble des fonds d’investissement orientés vers la transition énergétique. Aujourd’hui, il compte 19 fonds et exclut les fonds qui investissent dans des entreprises opérant dans le nucléaire et les énergies fossiles.
  • Le Label ISR, qui existe depuis 2016 et qui regroupe actuellement 166 fonds, dirige également les épargnants vers les produits ISR répondant à leur cahier des charges.

Néanmoins, pour être réellement utile aux investisseurs au niveau international, il faudra mettre en place une typologie commune pour la finance durable dans l’Union européenne. Le groupe d’experts à haut niveau sur la finance durable de la Commission Européenne a ainsi préconisé dans leur rapport de 2018 des indices communs, fiables et comparables, qui harmonisent les critères ESG, ainsi qu’un label européen pour les produits financiers verts.

 

Que réserve l’avenir ?

Toujours relativement méconnu parmi les épargnants français, l’ISR commence à connaître un petit essor en France, notamment grâce à la popularité des critères ESG. Au fur et à mesure que l’ISR devient de plus en plus répandu, les entreprises les plus engagées en matière de RSE bénéficieront davantage de plus d’investissement. Ensemble, ces deux outils étroitement liés aideront à sensibiliser les masses sur les enjeux du développement durable et contribueront directement à une économie plus durable.

 

Sarah GOLD – Chargée de Communication

 

Sources :

  • Indice EcoVadis
  • Sondage IFOP pour Vigeo Eiris et le FIR, août 2018
  • Pwc France
  • Rapport East and Partners pour HSBC, septembre 2018 « Sustainable Financing and ESG Investing »
  • Rapport de la Commission européenne, 2018 « Financing a sustainable European economy»

 

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