L’ESRS E4 (European Sustainability Reporting Standards pour la biodiversité et les écosystèmes) constitue un cadre réglementaire incontournable pour les entreprises souhaitant rendre compte de leur impact sur la biodiversité et les écosystèmes. Ce standard, aligné avec les objectifs nationaux et internationaux, comme l’accord de Kunming-Montréal visant une restauration complète de la biodiversité d’ici 2050, est similaire au format de l’ESRS E1 pour le climat. Voici les étapes clés pour se conformer à l’ESRS E4.
Comprendre les exigences de l’ESRS E4
L’ESRS E4 se structure autour de trois domaines principaux :
- Stratégie : Intégration des obligations liées au plan de transition et interaction entre les DIRO (Impacts, Dépendances, Risques et Opportunités) et le modèle économique de l’entreprise.
- DIRO : Identification, évaluation et réponse aux DIRO spécifiques à la biodiversité.
- Indicateurs et objectifs : Objectifs en matière de biodiversité, métriques d’impact et effets financiers potentiels des DIRO.
Les exigences spécifiques de l’ESRS E4 sont :
- Évaluer et divulguer les impacts réels ou potentiels sur la biodiversité et les écosystèmes.
- Identifier et gérer les risques physiques et de transition.
- Publier les métriques d’impact liées à la perte de biodiversité et à la modification des écosystèmes.
- Communiquer les dépendances de l’entreprise aux services écosystémiques.
- Localiser les activités de l’entreprise et leur interaction avec la biodiversité.
Point de départ pour répondre à l’ESRS E4 : mesurer et évaluer l’influence de l’entreprise sur la biodiversité
Identification des pressions
Les entreprises doivent d’abord identifier les pressions qu’elles exercent sur la biodiversité. Ces pressions sont définies par l’IPBES comme le changement d’usage des terres et des mers, l’exploitation des ressources naturelles, le changement climatique, la pollution et les espèces exotiques envahissantes.
Localisation des activités
L’ESRS E4 exige également une localisation précise des interactions avec la biodiversité, incluant la cartographie des chaînes de valeur. Les entreprises doivent communiquer la superficie et le nombre de sites situés en ou à proximité des zones dites « sensibles » vis-à-vis de la biodiversité (Zones protégées, zones d’intérêt écologique …) et préciser les activités ayant des interactions significatives avec la biodiversité.
Méthodologies et outils
Pour chaque pression significative identifiée, les entreprises doivent partager les métriques associées et la méthodologie utilisée.
Pour répondre aux exigences de l’ESRS E4, les entreprises peuvent utiliser des outils comme le Global Biodiversity Score®, doublé à une analyse cartographique et approfondie des interactions avec la biodiversité (double matérialité biodiversité), pour mesurer leur empreinte biodiversité, et adopter des méthodologies robustes pour analyser leur chaîne de valeur.
Identifier et analyser les DIRO (Dépendances, Impacts, Risques et Opportunités)
Risques physiques et de transition
L’ESRS E4 impose l’identification et l’évaluation des risques physiques et de transition liée à la biodiversité sur l’ensemble de leur chaine de valeur. Les risques physiques incluent des phénomènes comme la baisse de rendement agricole ou l’érosion côtière, tandis que les risques de transition concernent les changements réglementaires, technologiques et de marché. Les entreprises doivent décrire la méthode pour identifier et évaluer ces risques.
Dépendances
Les entreprises doivent également identifier et évaluer leurs dépendances aux services écosystémiques sur l’ensemble de leur chaine de valeur, et décrire la méthode pour identifier et évaluer ces dépendances.
Politiques et gestion des DIRO
Les entreprises doivent détailler les politiques adoptées pour gérer les DIRO, c’est-à-dire pour éviter ou minimiser les impacts négatifs, restaurer les écosystèmes dégradés et réduire leur contribution aux pressions sur la biodiversité. Cela inclut des politiques de gestion durable des terres et des mers et des pratiques agricoles durables.
Résilience de la stratégie
Enfin, les entreprises doivent décrire la résilience de la stratégie et du modèle économique face aux risques identifiés, en évaluant les impacts financiers et en démontrant la capacité d’ajustement de l’organisation.
Pour répondre à toutes ces exigences, les entreprises peuvent élaborer une stratégie biodiversité ou, a minima, une analyse de sensibilité aux risques physiques et aux risques de transition.
Développer et publier un plan de transition conforme à l’ESRS E4
Un plan de transition conforme à l’ESRS E4 doit être aligné avec les objectifs nationaux et internationaux pour la biodiversité, tels que ceux du cadre mondial post-2020 pour la biodiversité, et la stratégie de l’UE pour la biodiversité à l’horizon 2030. Ce plan doit inclure :
- Une évaluation qualitative des principaux impacts et principales dépendances.
- Des objectifs clairs et alignés avec les cadres mondiaux et européens.
- Les ressources allouées pour atteindre ces objectifs.
Ce plan de transition doit montrer comment il s’intègre à la stratégie commerciale et financière de l’entreprise, dans la gouvernance et son suivi, avec une validation par la direction et des moyens de mesurer les progrès et rectifier les écarts.
Mettre en œuvre et suivre les progrès
Mesure de l’empreinte biodiversité
Pour obtenir les informations nécessaires, et répondre aux exigences de l’ESRS E4, il est crucial de mesurer l’empreinte biodiversité. Il est possible de le faire en utilisant des outils reconnus comme le Global Biodiversity Score®, des outils d’analyse cartographique et d’analyse approfondie de leurs interactions avec la biodiversité (double matérialité biodiversité). Le tout en impliquant et en sensibilisant les parties prenantes aux enjeux de la biodiversité.
Formation et amélioration continue
La formation des employés et des partenaires commerciaux sur l’ESRS E4 est essentielle pour assurer une mise en œuvre efficace. Un engagement dans un processus d’amélioration continue, en adaptant leurs stratégies et actions en fonction des résultats obtenus, est également nécessaire pour s’adapter aux évolutions réglementaires et aux attentes des parties prenantes.
En suivant ces étapes, les entreprises peuvent non seulement se conformer aux exigences de l’ESRS E4, mais surtout jouer un rôle clé dans la lutte contre la perte de biodiversité. Cela leur permet de contribuer à la transition écologique tout en renforçant leur résilience face aux défis environnementaux.
Pauline Herrmann, Responsable Pôle Biodiversité