Du 3 au 11 septembre 2021, à Marseille, s’est tenu le Congrès Mondial de la Nature organisé par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Ce congrès est l’occasion de réunir, tous les quatre ans, jusqu’à 6 000 représentants de gouvernements, de la société civile, des milieux universitaires et du monde des affaires, autour d’une même finalité : élaborer un plan mondial pour la préservation de la biodiversité, dont l’urgence n’est pas distincte de celle de la crise du climat.
Le Congrès Mondial de la Nature a été organisé sur la base du consortium mondial stipulant qu’il existe un lien inextricable entre la conservation de la biodiversité et le bien-être économique et humain, ce qui est d’autant plus évident depuis la pandémie de COVID-19. Le rôle de ce congrès est d’engendrer des échanges entre les acteurs pour fixer des priorités, influer sur les négociations à venir et déboucher sur des engagements de la part des États afin de pouvoir inverser d’ici 2030 la courbe de l’effondrement de la biodiversité.
Lors du congrès, l’ONG WWF a soulevé de nombreuses urgences afin d’amorcer, de la part des membres présents à Marseille, la proposition de solutions concrètes pour, en autres, lutter contre la déforestation et renoncer à l’exploitation des fonds marins. Elle a notamment insisté sur le fait qu’il est nécessaire d’assurer la survie des innombrables espèces menacées et pouvoir prévenir des risques de nouvelles pandémies mondiales. Selon WWF, afin d’avancer sur ces sujets, il faut impérativement que l’Etat français s’assure que les aides publiques financent la transition agro-écologique.
Cependant, l’ONG dénote que le Président de la République Emmanuel Macron n’a donné qu’une vision « floue et sans consistance » des problèmes responsables du déclin de la biodiversité. Dans l’ensemble, ce qui inquiète WWF France est que « le Président a fait une revue de l’existant sans annoncer de nouvelles mesures concrètes. Le cadre est posé, les décisions doivent maintenant suivre rapidement ». Ainsi, de nombreuses associations dénoncent un bilan mitigé du côté de la France, avec des objectifs non chiffrés concernant la réduction de l’utilisation des pesticides, une abstention sur le vote de la motion en faveur de la réduction de l’impact des exploitations minières dans les grands fonds marins, et des promesses déjà formulées quatre ans plus tôt mais attendant encore d’être concrétisées. Cela concerne notamment l’annonce de la mise sous protection forte de 5% des océans français d’ici 2027, qui avait déjà été évoquée en 2019 mais pas encore concrétisée. France Nature Environnement (FNE) se désole du fait que « la France continue de donner des leçons à tous sur les enjeux de biodiversité et de climat, mais reste largement dans l’incantation ».
Il faut tout de même noter que les efforts ont débutés, notamment par plusieurs entreprises multinationales présentes au congrès de Marseille. En effet, Kering, Holcim, L’Occitane, LVMH ou encore Pernod « se sont engagées à restaurer et à améliorer la biodiversité grâce à des stratégies et des actions d’entreprise favorables à la nature », se réjouit l’UICN.
Le bilan n’est ainsi pas tout « noir » car, clôturant les neuf jours d’échanges entre représentants, un total de 1500 membres de l’UICN ont adopté le Manifeste de Marseille, focalisé sur trois thèmes principaux : la conservation de la biodiversité (dont l’objectif est qu’un cadre soit adopté par les Etats à la COP 15 Biodiversité en avril 2022) ; l’importance de la protection de la nature pour la reprise post-pandémie et la nécessité pour les gouvernements d’investir vers des projets pour la nature à la hauteur d’au moins 10% des fonds mondiaux ; et enfin, la lutte contre le changement climatique pour réduire fortement les émissions de gaz à effet de serre.
Les membres ont également approuvé le nouveau programme de l’UICN pour les quatre années à venir, comprenant de nouveaux engagements statués entre autres sur la reconnaissance des droits des peuples autochtones et sur la capacité d’agir de tous les citoyens (spécialement des jeunes), sur la protection et la restauration de 80% de la forêt amazonienne, ainsi que sur la reconnaissance du lien inextricable qui existe entre nature et santé pour éviter l’émergence de futures pandémies. La fin de la pollution plastique dans les océans d’ici 2030, le renoncement à l’exploitation minière des fonds marins, ou encore la réduction de l’impact de l’industrie minière sur la biodiversité ont également été intégrés au programme. La secrétaire d’Etat chargée de la Biodiversité, Bérangère Abba, a déclaré « Le bilan de ce congrès est absolument satisfaisant ». Cependant, pour beaucoup d’acteurs présents lors du Congrès, les discussions doivent impérativement reprendre et les actions se concrétiser lors de la COP15 Biodiversité, où l’objectif principal sera alors de fixer un cadre de protection de la biodiversité pour la prochaine décennie.
Julie ESCUDÉ, Consultante Biodiversité
Sources :
- Novethic
- WWF France
- Actu-environnement
- Manifeste de Marseille