Qu’est-ce que la SBTi ?
Le projet SBTi et ses objectifs
Cofondé par le World Ressource Institute, le Carbon Disclosure Project, le World Wildlife Fund et l’UN Global compact, la Science Based Target Initiative (SBTI) est un projet qui vise à encourager les entreprises à fixer des objectifs d’émissions de gaz à effet de serre grâce à des préconisations scientifiques. L’initiative propose deux types de « Science-based Target » (SBT) :
- les « Near term target » : proposer un objectif de décarbonation crédible et validé par un référentiel international sur les 5 à 10 prochaines années ;
- les « Net zero target » : jusqu’en 2050, en passant par 2030 et 2040, ces objectifs combinent la réduction des émissions tout en adoptant une stratégie de contribution à la neutralité en parallèle.
Un engagement croissant des entreprises dans l’initiative SBT
Depuis ces dernières années, le nombre d’engagement augmente de façon exponentielle, les initiatives SBT séduisant de plus en plus d’entreprises à travers le monde. Entre avril 2023 et octobre 2024, une augmentation de plus de 66% d’entreprises engagées a été recensée, portant leur nombre à 9 799, dont 6 353 avec des objectifs certifiés[1].
Pourquoi engager son entreprise dans une démarche de certification SBTi ?
S’engager dans une démarche de certification SBTi présente les intérêts suivants :
- s’assurer que ses objectifs de réduction d’émissions de GES sont suffisamment ambitieux pour être en conformité avec les objectifs des accords de Paris ;
- prendre de l’avance sur ses concurrents ;
- répondre aux demandes des investisseurs ou des clients.
Pourquoi Science Based ?
La notion de « basé sur la science » vient du fait que l’initiative se base sur les travaux du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) et de l’Agence Internationale de l’Energie pour baser ses critères. Par ailleurs, ceux-ci sont mis à jour de manière régulière pour correspondre à l’état des publications les plus récentes. Ainsi la SBTi fait la corrélation entre émissions et température, et les budgets carbones sectoriels.
Dans quel contexte s’inscrit la Science-based Targets Initiative (SBTi) ?
Les accords de Paris, événement déclencheur de la SBTi
Dû au rejet de gaz à effet de serre (GES) causé par les activités humaines, le réchauffement climatique est un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur. ace à ce constat, 195 Etats ont signé en 2015 les Accords de Paris, dans l’objectif de maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, avec un idéal d’1,5°C. Chaque Etat doit ensuite transposer en droit interne cet objectif. C’est ainsi qu’est née en France la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC).
Les stratégies climat, outils pour atteindre les objectifs climatiques
Pour parvenir à la réalisation de cet objectif ambitieux, différents outils ont vu le jour. Parmi eux, on compte des outils nationaux, comme la méthodologie ACT® de l’ADEME, ou internationaux comme le Carbon Disclosure Project (CDP) ou encore la Science Base Target Initiative.
Les organisations concernées par la SBTi
Les entreprises
Les entreprises de tous les secteurs et de toutes les tailles sont encouragées à rejoindre le mouvement et à s’engager à fixer un objectif scientifique. Les entreprises des secteurs les plus émetteurs, qui jouent un rôle crucial dans la transition vers une économie à zéro carbone, sont bien évidemment invitées à y participer. L’initiative SBTi reconnait les différences entre les secteurs d’activité, et a par conséquent développé des parcours sectoriels.
Les villes
La SBTi n’évalue pas actuellement les objectifs des villes, des gouvernements locaux, des institutions du secteur public, des établissements d’enseignement ou des organisations à but non lucratif. Les villes peuvent manifester leur intérêt pour la définition d’objectifs par l’intermédiaire du réseau Science Based Targets.
Les étapes à suivre pour s’inscrire dans une démarche SBTi
La lettre d’engagement
L’entreprise soumet à SBTi une lettre d’engagement, indiquant qu’elle s’engage publiquement à faire valider des objectifs de réduction de gaz à effet de serre dans les 2 ans.
La définition des objectifs SBTi
Il s’agit de l’étape cruciale, durant laquelle l’entreprise va choisir une des approches (Near Term Target ou Net Zero Target) et mener une réflexion sur les moyens pour atteindre les objectifs de réduction qu’elle s’est fixés. Elle devra ensuite remplir un dossier qu’elle déposera tout en prenant un rendez-vous avec les équipes SBTi pour la validation des objectifs.
La validation des objectifs SBTi
A partir de la date de rendez-vous, les équipes SBTi vont évaluer la démarche de l’entreprise tant sur le fond que sur la forme. Le processus de validation, en comptant les différents allers-retours de clarification et de correction, prend environ un mois.
La communication publique de la démarche
Une fois les objectifs validés par la SBTi, l’entreprise dispose d’un délai de 6 mois pour publier son engagement publiquement, à la fois sur la plateforme SBTi mais aussi sur son propre site internet ou via un communiqué de presse.
Le suivi des objectifs SBTi
L’entreprise ainsi certifiée s’est engagée à communiquer publiquement sur l’avancée de ses objectifs. Pour cela, elle a l’obligation de publier annuellement un bilan de ses émissions de GES via la méthodologie GHG Protocol (Greenhouse Gas Protocol).
Si l’entreprise n’atteint pas ses objectifs ou manque à son devoir de transparence, la SBTi peut lui retirer sa certification. L’impact pour l’entreprise est purement réputationnel car ce retrait n’entraine pas de sanction financière. La SBTi continue de renforcer ses exigences et ses contrôles, et récemment, environ 250 entreprises dont Amazon et Microsoft se sont vu retirer leur certification, le nombre total d’entreprises certifiées passant ainsi à 354.
Le lien de la SBTi avec d’autres outils
Le Carbon Disclosure Project
Créé en 2000 en Angleterre, le Carbon Disclosure Project (CDP) est une organisation à but non lucratif qui est spécialisée dans la mesure et le reporting des indicateurs liés aux enjeux climatiques et environnementaux. Les différents travaux du CDP s’adressent aux entreprises privées et aux villes et couvrent les enjeux suivants :
- le climat ;
- l’eau ;
- les forêts.
Le Carbon Disclosure Project propose notamment des questionnaires relatifs à l’intégration des enjeux au sein de l’organisation. Etant donné son historique, c’est sur le climat que les rapports sont les plus avancés.
Les organisations qui soumettent un questionnaire sur l’enjeu du climat devront répondre à des questions sur la stratégie de l’organisation, les indicateurs chiffrés en termes de GES, les autres impacts (tels que l’énergie, la biodiversité, etc…) et des questions annexes (administratives par exemple).
Les entreprises sont notées de A à E et les résultats sont accessibles sur le site du CDP. La note F qualifie les entreprises n’ayant pas souhaité répondre au questionnaire suite à la demande d’un client. Les répondants obtenant la note A font partie de la A-list qui représente les leaders de leur secteur en termes de transparence et performance environnementale et leurs réponses sont rendues publiques. Les entreprises peuvent communiquer leurs résultats dans le cadre de reporting extra-financier ou de réponse à appels d’offres et ainsi valoriser leur engagement pour le climat.
La méthodologie ACT®
La méthodologie ACT® permet d’évaluer la cohérence des stratégies climat des entreprises. Aussi appelée Assessing Low-Carbon Transition, elle a été mise en place par l’ADEME et le Carbon Disclosure Project (CDP).
Découlant de cette méthodologie, il existe les méthodes suivantes :
- ACT pas à pas: outil permettant un accompagnement des entreprises dans la définition de leur plan stratégie climat ;
- ACT évaluation: publication d’une évaluation de grands groupes volontaires dans leurs actions climatiques publier une évaluation des grands groupes volontaires dans leurs actions.
Depuis octobre 2024, la méthodologie sectorielle ACT® a été adoptée par l’ADEME et la Banque de France afin d’établir un indicateur climat pour les entreprises. Cet indicateur évaluera l’exposition des entreprises aux risques climatiques et prendra en compte leurs efforts de “décarbonation” par rapport à leur secteur d’activité. Il permettra ainsi de flécher les financements vers des entreprises volontaires dans la transition.
Le GHG Protocol
Le GHG protocol est l’outil de référence requis par le SBTi. Il s’agit de l’outil de comptabilité carbone le plus largement utilisé et reconnu au niveau international. Il établit des cadres globaux standardisés pour mesurer et gérer les émissions de gaz à effet de serre provenant des opérations des secteurs privé et public, des chaînes de valeur et des mesures d’atténuation.
S’appuyant sur un partenariat de 20 ans entre le World Resources Institute (WRI) et le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD), le protocole GHG collabore avec des gouvernements, des associations industrielles, des ONG, des entreprises et d’autres organisations.
Le Bilan Carbone®
Le Bilan Carbone® est un outil de comptabilité carbone français créé en 2002 par l’ADEME en collaboration avec Jean-Marc Jancovici. C’est une méthodologie qui permet de calculer l’impact carbone de l’activité d’une entreprise, d’une association ou d’une collectivité territoriale sur une durée d’un an.
Cette méthode est la référence à employer dans le cadre de la réglementation française, le Ministère de l’Environnement publie à cet effet un guide spécifique. La nomenclature de publication est alignée sur les normes ISO, dont la dernière a été actualisée en 2018.
Source :
[1] Selon le site https://sciencebasedtargets.org/companies-taking-action
Aurélien RICARD, Consultant Climat