mobilite | 30/10/19

Plan vélo en entreprise

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Alors que les bénéfices du vélo pour l’environnement ou la santé sont connus, celui-ci ne représente que 3% des déplacements quotidiens en France contre 10% en Allemagne ou 28% aux Pays-Bas. Seuls 2% des actifs utilisent le vélo pour se rendre sur leur lieu de travail. La voiture conserve une place prépondérante, même pour des trajets de moins de 5 kilomètres, souvent faisables en vélo. De plus, même si le vélo connaît un regain d’intérêt depuis la fin des années 1990, celui-ci reste cantonné aux centres-villes de certains grandes agglomérations (Bordeaux, Strasbourg, Grenoble, Lyon…). 

 

Histoire de se remettre en selle sur ces sujets et se fixer de nouvelles ambitions pour les décennies à venir, la France a lancé les Assises nationales de la mobilité du 19 septembre au 13 décembre 2017. Ces trois mois de concertation ont permis de rassembler 2 513 contributions et 26 000 votes sur différents thèmes en lien avec la mobilité de demain. Ces travaux ont notamment contribué à la création du Plan « Vélo et mobilités actives » présenté en septembre 2018. Objectif : tripler la part modale du vélo dans les déplacements quotidiens et faire de la bicyclette un mode de transport à part entière.

 

Le vélo en entreprise : ce que dit la loi

Depuis le 1er janvier 2009, tout employeur doit prendre en charge la moitié du coût de l’abonnement aux transports en commun (SNCF, RATP, compagnie de bus locale, abonnement de vélo en libre-service ou en location longue-durée). Par ailleurs, si le salarié doit souscrire à plusieurs abonnements pour réaliser son trajet domicile-travail (ex : SNCF + vélo), l’employeur prend en charge 50 % de ces deux abonnements.

L’article 50 de la loi sur la transition énergétique d’août 2015 sur l’indemnité kilométrique vélo (IKV) offre la possibilité aux entreprises d’indemniser leurs salariés à hauteur de 0,25 € par kilomètre parcouru, plafonné à 200 € par an.

Le Projet de Loi d’Orientation des Mobilités (LOM), déposé en novembre 2018 et actuellement en nouvelle lecture au Sénat, est venu rebattre les cartes de la loi de 2015. La création d’un forfait « mobilités durables » est envisagée afin de remplacer l’IKV. Ne dépassant pas 400 € par an, ce forfait serait accordé par les entreprises pour encourager les déplacements domicile-travail en vélo ou en covoiturage. Ce forfait est en franchise d’impôt et de cotisations sociales.

Par ailleurs, les propositions du plan vélo national annoncées en septembre 2018 par le premier ministre, Édouard Philippe, et la ministre des transports, Elizabeth Borne, ont été retenues dans le projet de la LOM. Plusieurs mesures d’incitations fiscales à destination des entreprises sont ainsi prévues :

  • Introduction de l’item « vélo » dans le barème kilométrique fiscal: en vigueur depuis le 1er septembre 2019
  • Soutien à l’achat de vélos à assistance électrique dans le cadre d’un programme de Certificats d’Économie d’Énergie (CEE)
  • Avantages fiscaux pour les entreprises ayant souscrit un engagement de location de vélos longue durée pour les déplacements domicile-travail de leurs salariés

Comment mettre en place le plan vélo en entreprise ?

Convaincre les collaborateurs

Venir au travail en vélo ne fait parfois pas l’unanimité chez les employeurs comme chez les employés. Avant de définir une stratégie de déploiement, il est donc important de déconstruire certaines idées reçues.

Pour l’employeur, un trajet domicile-travail effectué en vélo représente d’abord la garantie de collaborer avec des salariés en forme, moins stressés et plus productifs. C’est aussi l’opportunité de renforcer l’esprit d’équipe et l’image positive de l’entreprise. Et, contrairement à certaines idées reçues, les déplacements domicile-travail en vélo n’engagent pas la responsabilité de l’entreprise.

Pour les employés, venir au travail en vélo c’est se prévenir de nombreuses pathologies cardio-vasculaires et diminuer son niveau de stress[1]. C’est aussi faire des économies : le budget moyen d’entretien d’un vélo est de moins de 150 € par an contre 5 300 € à 7 000 €[2] par an pour la voiture. Le vélo permet également de gagner du temps de trajet tout en faisant partie des modes de transport les moins accidentogènes.

Intégrer le vélo dans le plan de mobilité

La loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte a rendu obligatoire l’élaboration d’un plan de mobilité pour toute entreprise située dans le périmètre d’un Plan de déplacements urbains (PDU) et regroupant au moins 100 salariés sur un même site. L’objectif de cette mesure est d’encourager l’utilisation de moyens de transports alternatifs à la voiture individuelle. En réalisant un plan de mobilité, vous pourrez ainsi faire état de la cyclabilité aux abords de votre entreprise et évaluer les perspectives de report modal.  Le plan de mobilité vous permettra également de construire un plan d’action adapté à vos besoins.

Voici une liste non exhaustive d’actions cibles à intégrer dans votre stratégie :

  • De nouveaux aménagements: installation de stationnements sécurisés, de vestiaires ou de douches, mise en place d’une flotte de vélos…
  • Des campagnes de sensibilisation à la mobilité active: animations, expositions, formations de remise en selle…
  • De l’équipement et de l’aide à l’entretien : distribution de kits vélos adaptés, aides à l’usage…
  • Des partenariats avec des acteurs du territoire spécialisés pour implanter une stratégie cyclable complète.

Il est possible de mutualiser ces actions avec d’autres (réaménagements des locaux, etc.) afin de réduire les coûts et faire de la stratégie de mobilité active une composante structurante de l’entreprise.  Pour vous aider dans cette démarche, vous pouvez consulter le guide ADEME-Réseau Action Climat – France “Un plan de mobilité dans mon entreprise”, visiter le site de la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB) ou celui d’ekodev à la page suivante.

Accompagner le changement et lever les freins à l’action

Pour que la mise en place du plan vélo en entreprise soit efficace, il est important d’accompagner en continu les collaborateurs dans leur nouvelle pratique de déplacement. En effet, des difficultés de nature diverse peuvent les freiner à intégrer le vélo dans leurs trajets quotidiens. Certains collaborateurs se sentent par exemple en insécurité sur la route. D’autres craignent que leur vélo soit volé.  Les intempéries peuvent aussi être un frein à l’usage du vélo.

Les possibilités d’accompagnement sont alors multiples :

  • Faire des formations à la sécurité routière pour que les collaborateurs soient plus confiants dans leurs déplacements.
    • Informer sur les possibilités d’équipement en cas d’intempéries.
    • Insérer un thème « mobilité durable » dans les kits pour les nouveaux collaborateurs
    • Organiser des « défis mobilité active » entre sites et/ou services pour changer les habitudes de déplacements des collaborateurs de façon ludique.
    • Mettre en place des actions communes avec les entreprises environnantes : jeux concours, campagne de communication, partage d’infrastructures sécurisées

Un(e) collaborateur(trice) peut être nommé(e) « référent(e) mobilité » afin de faire vivre le plan d’action et accompagner individuellement les salariés dans leur pratique du vélo.

Ainsi, de multiples possibilités s’offrent à vous. Adoptez une démarche créative, adaptée et construisez votre propre « solution-vélo » !

 

Anna QUENNEVILLE – Consultante Mobilité Durable 

 

Sources :

  • [1]British Medical Journal, 2017
  • [2] Automobile Club de France

 

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