biodiversite | 30/10/19

Espèces envahissantes et biodiversité

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L’importation d’espèces exotiques a débuté avec les premières grandes explorations et s’est intensifiée avec l’hyper-mondialisation que nous connaissons. L’explosion des échanges commerciaux et les migrations humaines sont ainsi responsables de l’introduction, volontaire ou accidentelle, d’espèces dont la prolifération et les impacts écologiques ne sont pas mesurés. Ils peuvent avoir également de lourdes répercussions économiques et sanitaires. L’impatiente glanduleuse, dont les fruits peuvent propulser les graines à plusieurs mètres, envahit les rives et est interdite en métropole. La renouée de Japon, avec un système racinaire de reproduction végétative profond et robuste, sans aucun parasite ni maladie, forme également des peuplements denses et invasifs nuisibles pour la flore autochtone. Le moustique tigre a transmis le virus du chikungunya à plusieurs centaines de milliers de personnes en 2005. Les espèces exotiques envahissantes constituent le deuxième facteur grave d’érosion de la biodiversité. L’an passé la France métropolitaine comptait 486 espèces invasives, dont deux tiers de plantes. 

 

Déjà menacée par la pollution, les dérèglements climatiques et écologiques, la stabilité de la biodiversité d’un milieu dépend aussi de l’équilibre de son écosystème. À l’heure des grandes prises de conscience quant à la conservation de la nature, voilà que des espèces vivantes perturbent le fonctionnement de leurs propres écosystèmes.

 

Comment appréhender la gestion des espèces invasives de manière à préserver la biodiversité ?

Animale ou végétale, une espèce est dite envahissante lorsqu’elle se développe rapidement dans un milieu dont elle n’est pas originaire. Importée dans ce milieu, l’espèce y adopte un cycle de vie très prolifique, en optimisant sa croissance ainsi que son mode de reproduction. En privatisant les ressources du milieu dans lequel elle est nouvellement implantée, une population appartenant à cette espèce s’étale généralement au détriment des autres espèces déjà installées. Nous parlons alors de colonisation du milieu.

Dans un objectif de préservation des espèces et de leurs habitats, les dynamiques des populations natives d’un milieu sont suivies. De la même manière, il existe des listes qui énumèrent les espèces dont l’introduction, volontaire ou accidentelle, est interdite sur le territoire métropolitain. Des politiques de sensibilisation, de régulation ou de lutte par piégeage propres aux territoires sont menées contre ces espèces considérées comme nuisibles.

 

Des relations interspécifiques dévastatrices

Paysandisia archon, le papillon palmivore aux grandes capacités de migration et venu d’Amérique du Sud, a profité de l’explosion du marché du palmier pour coloniser le territoire métropolitain et l’Europe. Les larves pondues dans le palmier finissent par le dévorer en son cœur. Dans les jardins ou les aménagements publics, cette espèce invasive et robuste cause des pertes majeures liées au marché du palmier d’ornement. En 15 ans, plus de 250 000 palmiers ont ainsi été détruits en Europe, engendrant des pertes économiques de plusieurs centaines de millions d’euros.

 

Des super-prédateurs

Le frelon asiatique, Vespa velutina, a été introduit en France en 2004 depuis l’Asie du Sud-Est, puis s’est dispersé sur tout le territoire. Il s’attaque à de nombreux ordres d’insectes pour nourrir ses larves, mouches, papillons, guêpes, et exerce en particulier une pression de prédation intensive sur les abeilles. De plus en plus visibles en zones urbaines, guettant à l’entrée des ruches, ces frelons peuvent décimer une colonie entière s’ils ne sont pas chassés ! Ses principaux ennemis sont ses prédateurs naturels, très rarement observés en France. La prédation par certains oiseaux reste négligeable face à la résilience des colonies du frelon asiatique. S’il existe certaines mouches parasites qui peuvent causer la mort du frelon, les capacités de résistance de ce dernier empêchent toute réelle régulation naturelle par le parasite. Certains de ces parasites étant surtout très nuisibles pour les bourdons, la dispersion du frelon asiatique pourrait apporter une nouvelle menace aux espèces locales du pollinisateur. Le caractère envahissant du frelon asiatique est donc dû à la forte résilience de ses populations : pour provoquer une réduction de productivité de la colonie, son taux de mortalité doit dépasser 50% ! Il n’existe aujourd’hui aucune méthode de lutte spécifique contre cet envahisseur, et il constitue une des principales menaces sanitaires des abeilles…et donc de la biodiversité.

Les méthodes de lutte contre les espèces envahissantes souffrent dans de nombreux cas de l’absence de régulateurs naturels : aucun réel prédateur ou parasite, ni aucune maladie ou espèce pouvant entrer en compétition. Le milieu voit ainsi son équilibre écosystémique perturbé, modifiant la place accordée aux êtres vivants ainsi que leurs rôles.

Pour veiller au bon fonctionnement ainsi qu’à la qualité esthétique et écologique des milieux naturels, il est donc nécessaire que les partis concernés puissent identifier des éventuelles invasions biologiques, et mettre en œuvre des mesures de précaution et de régulation.

 

Julien FONTAINE – Consultant Biodiversité

 

Sources :

  • Ministère de la Transition écologique et solidaire
  • DREAL
  • INPN
  • INRA
  • Institut Pasteur
  • UMS Patrimoine naturel – MNHN [Ed] 2017-2019.
    Espèces Exotiques Envahissantes – Faune Intro duite en France (EEE-FIF).
  • Site Web d’information et de veille sur les espèces animales exotiques. http://eee.mnhn.fr/.

 

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