Si la biodiversité est en danger à l’heure actuelle, c’est en grande partie à cause de la surexploitation des ressources naturelles. En effet, l’exploitation intensive des ressources de la Terre est l’un des 5 facteurs d’érosion de la biodiversité avec la fragmentation des habitats, le changement climatique, les pollutions et l’introduction d’espèces envahissantes.
Cette surexploitation se manifeste entre autres par des prélèvements supérieurs au taux de renouvellement. L’Homme extrait plus de ressources que les populations ne peuvent supporter via le renouvellement naturel. Cela a donc des conséquences écologiques directes (causes d’extinctions, dérives génétiques, consanguinité…) mais également, de manière indirecte, des conséquences économiques. À titre indicatif, cela fait 40 ans que nous consommons plus que ce que la planète pourrait produire comme le montrent les calculs du jour du dépassement. L’humanité gaspille 40% de la nourriture qu’elle produit, une donnée hallucinante quand on sait que depuis les années 1970, la date de ce jour ne fait qu’avancer. En 1998, elle avait lieu le 30 septembre. En 2019, elle arrive deux mois plus tôt : le 29 juillet.
Comme autre conséquence de cette surexploitation, on peut y ajouter la réduction de la taille des populations. En Afrique, ce sont plus de la moitié des espèces d’oiseaux et de mammifères qui seront perdues d’ici 2100 si rien n’est envisagé pour stopper cette spirale infernale. La Terre est confrontée à une extinction massive d’espèces, la première depuis la disparition des dinosaures il y a environ 65 millions d’années et la sixième en 500 millions d’années.
Les autres facteurs renforcent l’impact de cette surexploitation. En effet, si les effets croissants du changement climatique continuent de se faire sentir cette perte pourrait atteindre 40 % d’ici 2050 même si les principales causes de la diminution des espèces restent la fragmentation de leurs habitats (urbanisation, déforestation…) et la surexploitation via notamment la chasse et la pêche.
Ces facteurs conjugués entrainent une autre conséquence néfaste sur la biodiversité : le déplacement des populations vers des habitats moins adaptés. Cette migration des espèces provoque une diminution du taux de survie et se manifeste via un frein à la reproduction. Certaines espèces sont contraintes à se déplacer en dehors de leur habitat optimal vers un habitat de moindre qualité et cela entraîne une baisse du taux de survie mais également une réduction de la viabilité de la population.
Zoom sur la pêche intensive
Actuellement, la surexploitation représente une menace pour plus d’un tiers des mammifères (primates, carnivores, lagomorphes…), mais également une menace pour les populations piscicoles. Depuis 1950, on a constaté une multiplication par cinq des prélèvements de poissons marins en Méditerranée (morue, thon…) qui entraine une chute importante des effectifs. Face à cette forte augmentation de la pêche intensive, il faut ajouter un autre facteur de croissance : la prise d’espèces non ciblées. Il s’agit de la capture d’espèces prises accidentellement dans les filets. Ces espèces sont généralement à faible valeur marchande et sont relâchées souvent mortes et juvéniles. Si rien n’est fait pour enrayer la tendance, la ressource en poissons de la région Asie-Pacifique sera ainsi épuisée d’ici 30 ans et jusqu’à 90 % de ses coraux seront gravement détériorés d’ici 2050.
Zoom sur l’exploitation forestière et la déforestation
Si on laisse de côté les conséquences de la surexploitation sur les espèces vivantes, on peut également s’alarmer sur ce qu’elle engendre sur les forêts. Les causes indirectes ont des effets aussi néfastes sur les forêts que les causes directes auxquelles elles se combinent : le manque de reconnaissance de la valeur des écosystèmes forestiers et les faiblesses des systèmes de gouvernance et des marchés, ainsi que la faible planification écologique du développement du territoire et le choix de pratiques agricoles et forestières non durables. Aujourd’hui, la forêt est détruite pour créer des espaces agricoles ou urbains. Cependant, 70% du bois sur le marché international vient d’Amazonie, ce qui est suffisamment inquiétant quand on sait que le poumon de la planète voit sa taille réduire à vitesse grand V.
Comment réduire son impact sur les ressources naturelles ?
Dans l’optique de réduire leur impact sur les ressources naturelles et ainsi limiter la surexploitation, les entreprises et les collectivités peuvent dans un premier temps réaliser un diagnostic de leur filière et réaliser un travail sur leur chaine d’approvisionnement (approvisionnement local, filières respectueuses des écosystèmes…). De plus, des actions de sensibilisation peuvent être mises en place afin d’orienter les salariés et le grand public vers de bonnes pratiques de consommation.
Une biodiversité conservée confère aux milieux naturels des capacités d’adaptation et de résilience dont nous savons tirer profit. En effet, les services écosystémiques sont rendus à l’homme par les milieux naturels, gratuitement mais selon les cycles biologiques des écosystèmes. La surexploitation des ressources met en danger l’équilibre de ces milieux, les appauvrit et restreint par conséquent nos opportunités de profiter des services de la nature. Pour mieux saisir l’urgence de modifier nos pratiques, il faudrait peut-être revoir notre rapport à la nature. Le défi à relever est alors de ne plus se positionner comme des exploitants, mais comme des acteurs dans les agrosystèmes.
Sources :
- http://www.conservation-nature.fr/article2.php?id=109
- https://www.la-croix.com/Ethique/Environnement/WWF-alerte-sur-la-surexploitation-des-ressources-naturelles-2014-09-30-1214038
- https://www.lepoint.fr/sciences-nature/surexploitation-l-humanite-se-met-en-danger-23-03-2018-2205019_1924.php
- http://capitalismeetenvironnement.e-monsite.com/pages/surexploitation.html