1/3 des oiseaux des plaines ont disparu en 15 ans et le rythme s’accélère particulièrement ces deux dernières années. Cela explique ce début de printemps silencieux. On constate aujourd’hui la disparition d’un individu sur trois de l’espèce la plus abondante (l’Alouette Des Champs) et, pour certaines espèces, comme certaines perdrix, c’est 90% des individus qui ont disparu…. Enfin, d’après l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), c’est plus d’1/4 des oiseaux nicheurs qui sont menacés d’extinction. Certains chiffres sont édifiants. En effet, d’après le STOC (Suivi Temporel des Oiseaux Communs), presque 2/3 des Moineaux Friquets ont disparu ces dix dernières années. En septembre 2016, l’UICN a classé le Moineau Friquet comme une espèce en danger. Presque 2/3 des Linottes Mélodieuses ont disparu depuis 1989 et est classée espèce vulnérable par l’UICN en 2016. Même classement pour la Mésange Boréale qui a perdu la moitié de sa population ces dix dernières années.
Pourquoi un tel déclin ?
- L’agriculture intensive et l’utilisation des produits phytosanitaires qui détruisent les habitats et la nourriture des oiseaux (80% d’insectes en moins à l’échelle européenne avec l’utilisation des néonicotinoïdes).
- La fin des champs en jachère qui induit une augmentation des champs cultivés. Il n’y a donc plus de reconstitution des sols pour que se développe de nouveau la microfaune pour les insectivores et de montée en graines des plantes pour les granivores.
- La fragmentationdes habitats via l’urbanisation.
C’est pourquoi aujourd’hui Nicolas Hulot et de nombreux scientifiques tirent la sonnette d’alarme et appellent entreprises, collectivités et particuliers à se mobiliser pour la protection des oiseaux, en modifiant certaines pratiques et en leur offrant des habitats favorables.
C’est d’autant plus un enjeu en Ile de France, région où on a identifié plus de 10 000 espèces animales.
Pourquoi protéger les oiseaux est bénéfique pour tout le monde ?
Les oiseaux sont des prédateurs naturels qui permettent de lutter contre les espèces nuisibles.
Protéger les oiseaux permet d’éviter la pullulation de limaces, pucerons, moustiques, chenilles et de plein d’autres ravageurs et donc ainsi réduire les coûts liés à l’entretien des espaces verts et éviter la propagation de maladies pour le végétal comme pour l’homme.
Protéger les oiseaux c’est aussi contribuer à la reproduction végétale (via le transport de graines) et donc à la richesse de nos écosystèmes et au renouvellement naturel de la palette végétale, évitant ainsi un coût supplémentaire pour de nouveaux semis et un entretien trop coûteux car la flore naturelle est plus coriace que la flore horticole et ornementale.
Cela permet de participer à l’esthétisme des paysages visuels et sonores et ainsi au bien-être global et donc à la qualité de vie au travail, comme chez soi ou en ville. C’est un apport biophilique !
Pour les entreprises et les collectivités cela offre une possibilité de valoriser ses actions en interne (sensibilisation, ateliers, conférences,) et en externe (communiqués de presse, labellisation/certification : Well in use/Biodivercityetc., …)
Comment puis-je m’impliquer ?
Les actions pour la protection des oiseaux sont des actions simples dont les effets sont notables rapidement. Par exemple, au fil des efforts de conservation, l’UICN à déclassé l’Œdicnème criard de Vulnérable à Quasiment menacé puis de Quasiment menacé à Préoccupation mineure. Pourtant, cette espèce avait connu un déclin marqué au cours du 20èmesiècle. Grâce à des actions simples, l’Œdicnème criard connait aujourd’hui une dynamique positive.
Ces actions concrètes étaient diverses comme :
- la protection des nids identifiés,
- la sensibilisation
- la création et la conservation des milieux favorables à l’espèce (alimentation, matériaux pour son nid, atmosphère calme…)
Enfin, pour les protéger, il peut également être intéressant d’installer des nichoirs et des mangeoires pour aider les oiseaux l’hiver, des aménagements pour les insectes(hôtels à insectes, nichoirs à pollinisateurs etc.) et les petits mammifères (chauve-souris, hérissons, écureuils etc.), tous victimes de l’activité humaine, pour favoriser la biodiversité sur votre site et amener de la nourriture pour les oiseaux et autres animaux présents sur celui-ci.
Pauline Herrmann, Consultante Biodiversité
Sources :
- UICN
- STOC
- Ligue pour la protection des oiseaux (LPO)
- More than 75 percent decline over 27 years in total flying insect biomass in protected areas. Caspal A. Hallmann. 2017