Et comment les préserver ?
Papillons, abeilles, bourdons, syrphes… et plus généralement les pollinisateurs sont indispensables à notre alimentation. Ils sont responsables de plus d’un tiers de la production alimentaire. Face à la 6e crise d’extinction massive de la biodiversité, ces pollinisateurs disparaissent. Selon l’IPBES (Plateforme intergouvernementale pour la biodiversité et les services écosystémiques), 10% des insectes sont menacés d’extinction. En 30 ans, 80% des populations d’insectes volants auraient disparu en Europe et les populations d’abeilles domestiques auraient chuté de 25%. Entre autres, nous pouvons citer l’abeille Andrena ornata et le papillon Gegenes pumilio (Hespérie du barbon) tous deux inscrits sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).
Face à ce bilan alarmant, de nombreuses initiatives en faveur des pollinisateurs ont vu le jour. Les projets sont nombreux : gestion écologique des espaces verts, végétalisation des villes, Plan Pollinisateurs…. Parmi les plus répandus, on trouve la mise en place de rucher pédagogique ou d’aménagements pour la biodiversité comme les hôtels à insectes. Ces initiatives peuvent parfois être controversées, notamment car elles sont accusées de favoriser la concurrence déloyale entre les différents pollinisateurs. Cependant, le vrai problème ne réside pas dans l’abondance des abeilles domestiques, mais dans le manque de ressources mellifères.
En tant qu’entreprise, en quoi suis-je concernée ?
En tant que base de la vie, la biodiversité est le socle de toute activité économique. En effet, si l’on observe uniquement les liens entre activités économiques et pollinisateurs, il existe une dépendance évidente liée à l’alimentation et la santé des collaborateurs.
Les entreprises par leurs activités ont des impacts sur la biodiversité. Elles peuvent contribuer aux différents facteurs d’érosion : destruction et fragmentation des habitats, changements climatiques, surexploitation des ressources naturelles, pollutions et introduction d’espèces exotiques envahissantes. En travaillant sur la réduction de ces différentes pressions, les entreprises peuvent contribuer à la préservation de la biodiversité.
Plus localement, elles sont responsables de la gestion de leurs sites et notamment de leurs espaces verts. Le mode de gestion de ces espaces a un impact direct sur la biodiversité locale et donc sur les pollinisateurs.
Comment agir pour préserver les pollinisateurs ?
Des actions très locales sur les espaces extérieurs peuvent contribuer positivement à la biodiversité et permettent d’observer très vite le retour des pollinisateurs sur un site. La réglementation pousse les entreprises à mettre en place une gestion plus respectueuse de ces sites notamment avec le nouvel arrêté de janvier 2021 qui interdit l’usage des pesticides sur les sites recevant du public.
La diversification de la palette végétale présente sur vos sites est essentielle pour accueillir de nombreux pollinisateurs. En travaillant sur des plantes à différentes périodes de floraison, de différentes formes et couleurs, il est possible d’accueillir une grande diversité de pollinisateurs.
Il est également possible d’accueillir directement les pollinisateurs eux-mêmes via la mise en place d’un rucher ou encore de nichoirs à abeilles sauvages. Attention cependant à installer des petits ruchers (2 à 3 ruches) et de vérifier que l’environnement alentour est riche pour éviter tout risque de compétition pour les ressources. Il faut également veiller à ce que ces ruchers soient inscrits dans une démarche globale responsable avec des objectifs bien définis (objectif pédagogique, amélioration continue de ces pratiques via les bio-indicateurs, pratiques sanitaires vertueuses, éthique des pratiques…) pour éviter toute dérive. Il est d’ailleurs possible de faire auditer vos pratiques apicoles pour valider tous ces aspects.
Souvent et contre toute attente, le milieu urbain est attractif en termes de ressources grâce aux nombreux parcs et jardins gérés d’ores et déjà de manière écologique. Il permet donc l’accueil des abeilles domestiques. Le seul bémol de ce milieu est sa forte artificialisation qui rend l’accueil des pollinisateurs sauvages plus compliqué : ces derniers sont en mal d’habitats pour nidifier et donc assurer leur reproduction. De nombreux pollinisateurs sauvages se reproduisent dans le sable, dans des tas de feuilles, dans des rameaux de bois tendre ou du bois mort… habitats qui se trouvent difficilement en milieu urbain. Il est donc important d’installer ce type d’aménagements pour aider les populations de pollinisateurs sauvages à se développer, et ne pas favoriser qu’une seule espèce : l’abeille domestique.
Quels bénéfices ?
L’avantage de ces différentes actions réside dans le fait qu’elles sont faciles et rapides à mettre en œuvre, que les bénéfices sont rapidement visibles, et qu’ils sont plus larges que le seul retour des pollinisateurs. L’accueil des pollinisateurs et la diversification de la palette végétale vont permettre le retour de l’avifaune. La mise en place d’aménagements tels que des tas de bois, de feuilles va permettre le retour des petits mammifères. Ces actions seront donc bénéfiques pour toute la biodiversité.
De plus, les actions pour régénérer la biodiversité locale sont concrètes et sont l’opportunité de lancer une démarche en faveur de la biodiversité en embarquant les collaborateurs. En effet, ces projets sont fédérateurs et permettent de sensibiliser et former vos équipes sur cette thématique mal connue. Plus largement, ces actions contribuent au bien-être au travail grâce à leurs aspects biophiliques. Enfin, s’engager dans ce type d’actions est également l’opportunité d’anticiper la réglementation à venir (loi climat et résilience et l’artificialisation des sols, la fin de l’usage des pesticides en juillet 2022…) mais aussi d’améliorer son image en mettant en place des actions qui contribuent à l’échelle locale à régénérer la biodiversité.
Pauline HERRMANN – Responsable du pôle Biodiversité