biodiversite | 22/12/21

L’érosion de la biodiversité, un risque majeur pour les entreprises

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Placer la biodiversité au cœur des sujets environnementaux

Les entreprises ont chacune leur part de responsabilité dans la surexploitation des ressources, les changements d’usage des sols et les pollutions diverses (sol, eau, air) qu’elles génèrent. Cependant de par leurs dépendances aux écosystèmes, la dégradation de ces derniers et l’érosion de la biodiversité pèsent économiquement sur leur activité.  

Ecosystème et société, un lien indissociable  

Les écosystèmes fournissent des services écosystémiques, essentiels à la société, dont les entreprises tirent profit dans leurs activités. Ces services sont classés selon quatre catégories :

  • Les services d’approvisionnement, qui sont les produits ou biens obtenus des écosystèmes (nourriture, eau douce, matériaux de construction) ;
  • Les services de régulation représentant les bénéfices obtenus des processus de régulation des écosystèmes (pollinisation, purification de l’eau, régulation climatique, etc.) ;
  • Les services culturels associés aux bénéfices intangibles de types récréatifs, de valeurs patrimoniales ou spirituelles (loisirs et tourisme) ;
  • Les services de soutien liés aux processus naturels nécessaires pour la production des autres services (formation des sols ou encore cycle de l’eau et des nutriments).

Toutes les entreprises sont directement ou indirectement (via leurs fournisseurs, clients ou partenaires) dépendantes d’un certain nombre de services écosystémiques. Selon l’UICN140% de l’activité des entreprises dépend de ces services écosystémiques, et environ 80% des emplois français dépendent directement ou indirectement de la nature. En effet, de nombreux secteurs économiques (agriculture, industrie agroalimentaire, pharmacie, cosmétique, foresterie, aquaculture, tourisme et activités de plein air), ainsi que des emplois sont fortement rattachés à la biodiversité et peuvent être menacés par la disparition des ressources ou la limitation de leur exploitationLa biodiversité contribue donc à l’économie et par là, également au maintien et à la création d’emplois sur le territoire. Elle est donc rarement considérée comme un risque par les entreprises. Pourtant ce fragile équilibre est fortement mis en danger par l’activité humaine : la destruction des habitats, la fragmentation du territoire, l’artificialisation des sols, l’intensification des pratiques agricoles, la surexploitation des ressources, l’augmentation des échanges commerciaux, les pollutions et le changement climatique, sont autant de menaces pour la biodiversité.

Comment initier le changement ? 

Cependant, de nombreux organismes exposent aujourd’hui cette problématique afin d’initier un changement. Par exemple, la LPO2, le MEDEF3 et l’OFB4 lanceront au printemps 2022, le MOOC « Entreprises et biodiversité », une formation en ligne gratuite afin d’aider les entreprises à agir en faveur de la biodiversité.  Ainsi, de plus en plus d’entreprises se rendent compte de l’impact de l’érosion de la biodiversité sur leur activité et décident d’investir sur la préservation de la biodiversité en cherchant des solutions pour réduire les pressions et prévenir les risques opérationnels (rupture d’approvisionnement en matière premières et pénuries, dégradation de la qualité de matières premières…), les risques financiers (augmentation des coûts, assurance, réparations…), les risques d’images ou de réputation (pression des parties prenantes…). Afin que les entreprises sachent comment orienter leurs actions de préservation, il est possible de caractériser les pressions d’origine anthropique exercées sur la biodiversité grâce à l’acronyme HIPPO(C) (proposé en 1992 par le biologiste Edward O. Wilson) qui classe les pressions en cinq catégories :

  • H : destruction ou dégradation des Habitats naturels ;
  • I : introduction et dissémination d’espèces Invasives ou Espèces Exotiques Envahissantes ;
  • P : Pollutions des milieux naturels ;
  • P : accroissement et répartition de la Population humaine ;
  • O : Surconsommation des ressources naturelles par les sociétés humaines (« Overconsumption ») ;
  • C : Changement climatique.

Intégrer la biodiversité au cœur des sujets environnementaux

Le secteur le plus touché mais également l’un des premiers acteurs de l’érosion de cette biodiversité est l’agriculture. Il est un des secteurs  les plus dépendants de la biodiversité et des ressources naturelles car il est à la fois tributaire des services d’approvisionnement, mais également des services de régulation, qui permettent la pollinisation des cultures, la fertilité des sols, la régulation du climat local, ou encore la limitation de l’érosion des sols. Certaines pratiques, dites « intensives », engendrent des pressions importantes sur la biodiversité. Ainsi, l’ensemble de l’industrie agroalimentaire et l’ensemble des entreprises et prestataires qui y sont liés, possèdent une activité dépendante directement du fonctionnement biologique des sols, du cycle de l’eau, mais aussi de la pollinisation, de la régulation des maladies et des parasites, etc. Les dégradations des écosystèmes menacent alors aujourd’hui la capacité de la nature à fournir durablement ces services. 

Ces dernières années, la préservation de la biodiversité est de plus en plus médiatisée et de nombreux emplois dédiés à sa protection voient le jour. Ils proposent notamment d’accompagner les entreprises dans leur démarche en faveur de la biodiversité. Ces dernières peuvent analyser leurs impacts et dépendances et travailler pour intégrer la biodiversité tout le long de leur chaîne de valeur. Elles peuvent aussi, par exemple, contribuer à la création d’espaces et de conditions favorables à la faune et flore sauvage ou à la renaturation d’espaces artificialisés. De nombreuses solutions existent pour limiter l’érosion de la biodiversité si précieuse à nos activités et à notre développement et, même si les enjeux sont de plus en plus compris, ils ne sont pas saisis à la même hauteur que les enjeux climatiques dans les organisations. Il faut continuer les efforts et placer la biodiversité au cœur des sujets environnementaux, puisqu’elle est liée à tous les autres en tant que base de la vie et du bon fonctionnement de nos écosystèmes.

1UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature

2LPO : Ligue pour la Protection des Oiseaux

3MEDEF : Mouvement des entreprises de France

4OFB : Office Français de la Biodiversité

Julie ESCUDÉ, Consultante Biodiversité 

Sources :

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