mobilite | 04/05/20

Déconfinement et Mobilité

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La crise sanitaire que nous sommes en train de vivre a bouleversé nos écosystèmes à bien des égards. Le secteur de la mobilité et des déplacements en particulier : confinement, télétravail massif, commerces et lieux de restauration fermés, pratique des loisirs extrêmement limitée… autant de mesures qui ont impacté directement le nombre de déplacements, tous motifs confondus (travail, achats, loisirs, démarches, etc.). Le déconfinement, aussi progressif soit-il, va engendrer des défis considérables liés à la mobilité, tant pour les collectivités que pour les employeurs.

Pour les employeurs, il va de soi qu’il va falloir prolonger la « dé-mobilité » (le fait de ne pas se déplacer) et donc la poursuite du télétravail généralisé dès lors que l’activité le permet. De ce côté-là, les référents mobilité des entreprises, et les sociétés de conseil en mobilité, seront servis puisque la mise en place du télétravail est une des actions fortes de tout Plan de Mobilité Employeur visant à optimiser et réduire la mobilité générée par l’activité d’une entreprise (trajets domicile-travail et déplacements professionnels).

 

Replay du webinaire consacré aux PDM

Lorsque le déconfinement sera plus important (pas avant juin a priori), les salariés et employeurs auront encore probablement massivement recours au télétravail (pour diverses raisons, comme la crainte de la proximité exacerbée dans des transports collectifs, l’impossibilité dans certaines entreprises de garantir les distances minimales pour éviter la propagation du virus, les contraintes de garde d’enfants ou autres).

Si les salariés ont dû télétravailler dans leur lieu de confinement, il est probable que beaucoup ne souhaitent pas continuer à travailler depuis leur domicile qui n’est pas nécessairement pourvu d’un environnement de travail adapté. Le télétravail sur la durée, OUI, le système D, NON. Pour pérenniser le dispositif du télétravail, il conviendra de bien identifier les salariés qui peuvent le faire chez eux, et ceux qui auront besoin d’avoir accès à des tiers lieux (espaces de coworking). De nombreux acteurs proposent des solutions/ accès à des tiers lieux avec des abonnements intéressants.

Au-delà des conditions du télétravail, il sera nécessaire de porter un regard particulier sur le management et/ou l’accompagnement des collaborateurs. En effet, cette nouvelle distanciation sociale a de nombreuses conséquences (réflexion sur le sens de la vie, conditions de logement, temps passé dans les transports, etc.) que les employeurs devront intégrer pour permettre à leur activité d’être aussi « productive » dans le monde d’après.

Lorsque le télétravail n’est pas possible (en raison de l’activité, du matériel à disposition des salariés, des questions de sécurité de réseaux, etc.) deux dispositions permettent aux employeurs de garantir la sécurité de leurs salariés.

Tout d’abord, le lissage des horaires. Si cela fait plusieurs années qu’on prône les exemples de Londres ou de Singapour, il y a fort à penser que c’est l’une des solutions majeures pour désengorger les réseaux de transports en commun aux heures de pointe. Pour un lissage efficace, les AOM devront bien évidemment se saisir du sujet. Plusieurs pistes sont à l’étude : par secteur d’activité, par axe de déplacement, par tranche d’âge, tout semble sur la table. Si cette solution présente un avantage certain dans la gestion du déconfinement, il conviendra pour autant de se projeter à plus long terme pour faire en sorte que le désengorgement des transports en commun perdure. Pour cela, la tarification et la billettique seront des alliés de taille pour inciter à ces comportements vertueux. La question des horaires d’arrivée et de départ des salariés devra être couplée à une réorganisation interne pour s’adapter à ces nouveaux fonctionnements (horaires et modalités de réunion par exemple). L’entreprise devra ainsi continuer à se montrer agile.

Ensuite, un des leviers importants pour les employeurs desservis par un réseau de transport en commun : le report modal (des transports en commun vers un autre mode).

Si le risque de saturation des axes routiers semble moins important que les craintes qu’elle a générées (jusqu’à début juin, les salariés devront continuer de télétravailler massivement), on peut logiquement penser que les salariés qui le peuvent se tourneront vers le covoiturage. Sur ce point, il sera essentiel de pouvoir identifier le potentiel de captation de ce mode (selon la distance d’éloignement du lieu de travail aux domiciles) et d’imposer des consignes restrictives (pas plus de deux salariés par véhicules, un devant un derrière, respecter la composition des équipages dans la durée, etc.). Cette étape sera d’ailleurs un très bon moyen de commencer à capitaliser des données sur cette pratique au sein des entreprises pour alimenter les NAO et notamment les mesures financières liées au forfait mobilité durable. Sur ces deux sujets, vous pouvez regarder le replay de nos webinar : LOM et NAO et LOM et FMDIl convient néanmoins d’être prudent sur le covoiturage : s’il semble répondre aux enjeux sanitaires actuels, à terme, un report modal des transports collectifs vers la voiture (certes en covoiturage) semble contre-productif au regard des enjeux environnementaux qui doivent guider notre action.

Les usagers des transports collectifs peuvent aussi se reporter sur d’autres modes, comme le vélo, la marche, et les EDP (engins de déplacement personnels). La mise en avant de l’urbanisme tactique comme moyen d’action pour réaliser des aménagements temporaires a fait couler beaucoup d’encre ces jours-ci (à ce titre, lire le très bon article de Julien de Labaca). Quoi qu’il en soit, c’est bien là que réside le premier défi des collectivités pour assurer la progression du déconfinement et allier sécurité et reprise économique. Le Cerema a déjà publié des préconisations pour le vélo et pour la marche en phase de déconfinement. 

Pour ces reports modaux, là encore, il sera nécessaire d’identifier le potentiel des captifs. Pour se faire, il convient d’utiliser le fichier RH de l’entreprise ainsi qu’un outil de cartographie permettant de réaliser des isochrones. Le potentiel théorique défini (et les itinéraires sécurisés par les collectivités), l’employeur devra nécessairement se pencher sur les dispositifs d’accueil de ces modes (accès, gestion des flux, dimensionnement de l’offre de stationnement, etc.).

Il pourra être pertinent de se pencher sur des solutions de flotte d’entreprise, de location de vélo longue durée, ou tout autre dispositif permettant aux salariés captifs, mais ne disposant pas d’un vélo de pouvoir venir à vélo sur son lieu de travail.

Et pour lever les freins à la pratique, il pourra être percutant d’aider les débutants à se mettre en selle notamment par le biais de la formation, et penser à des modalités pour les réparations de vélo. Le fond de 20 millions d’euros annoncé par Elisabeth Borne le 29 avril va en ce sens.

Sur ces points, une courte enquête (moins de 10 questions) à destination des salariés permettra aux employeurs de saisir rapidement les contours du dispositif à mettre en œuvre.

Beaucoup d’entreprises qui fournissent un service de mobilité ont adapté leurs modèles et leurs offres pour répondre à la demande précise de la mobilité en phase de déconfinement. Encore une fois, un excellent moyen de tester des actions qui permettront de mieux définir les contours du Forfait Mobilité Durable et d’alimenter les négociations annuelles obligatoires si l’employeur y est assujetti. Si vous souhaitez en savoir plus, inscrivez-vous à notre webinar sur le Vélo & déconfinement le 14 mai prochain.

Les employeurs ont donc un défi de taille à relever pour le déconfinement : la mise en place d’un dispositif de mobilité (et de dé-mobilité !) qui devra garantir la sécurité d’une reprise progressive de l’activité et des déplacements générés par l’entreprise. Ce dispositif peut être mis en place rapidement, et nous vous invitons à nous contacter directement si vous avez besoin de l’aide des professionnels de la mobilité ou si vous souhaitez connaître notre offre mobilité et déconfinement.

Plus qu’une contrainte, c’est surtout une opportunité pour travailler autour des sujets de mobilité dans l’entreprise (dans une optique de réduction de l’empreinte environnementale de l’entreprise, de réduction des couts de mobilité et de l’amélioration de la qualité de vie au travail) et tester des actions fortes pour changer les comportements modaux. Passé la phase de déconfinement, les entreprises pourront se lancer dans l’élaboration d’un Plan de Mobilité Employeur, plus complet, qui permet d’appréhender le sujet dans sa globalité, en lien avec les ambitions de leurs stratégies RSE.

Alice de ROCCA-SERRA – Responsable Mobilité

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