Alors que l’homme mène une perpétuelle modification de l’environnement, qu’en est-il de la diversité du monde vivant ?
Les quatre principaux secteurs polluants sont le transport, l’agroalimentaire, les rejets domestiques et l’industrie. Les émissions de gaz à effet de serre sont responsables d’une augmentation rapide de la température de notre atmosphère. À ce réchauffement global sont associés des incidents climatiques et des perturbations des écosystèmes, mettant en péril la faune et la flore. Le Septième Continent , fait de déchets et de résidus plastiques, occupe 1,6 million de km². Chaque année, 1 million d’oiseaux et 100 000 mammifères marins sont tués par les déchets aquatiques. Si les facteurs de pollution peuvent être d’ordre naturel, comme l’émission de particules par le volcanisme, l’activité anthropique, celle de l’être humain, est quand à elle la première source de pollution environnementale. Les rejets polluants impactent l’air, le sol, les rivières, les nappes phréatiques et les océans.
La biodiversité a toujours su évoluer en fonction des changements environnementaux, même la pollution d’origine anthropique, par sélection naturelle. Un cas scolaire est celui de l’émergence d’une forme mélanique du Phalène du Bouleau, un spécimen noir de papillon qui a prospéré en Angleterre quand les arbres étaient noircis par la pollution industrielle . Malheureusement aujourd’hui, alors que les polluants dégradent les écosystèmes, la biodiversité qu’ils abritent ne connait comme seule évolution que son érosion.
De la pollution de l’air à la biodiversité marine …
Les pays industrialisés ont pour grande directive de diviser par 4 leurs émissions de GES d’ici 2050, afin de limiter à 2°C le réchauffement climatique à la fin du siècle. Mais alors que l’Europe parvient à stabiliser ses émissions, certaines puissances font un usage accru des centrales au charbon, comme la Chine le plus gros pollueur avec plus de 10 milliards de tonnes de CO2 en 2018. En plus d’être un problème de santé publique, la pollution de l’air et le réchauffement climatique associés entrainent le délogement de certaines espèces de leur habitat naturel, la perturbation du cycle des végétaux et remet ainsi en jeux la survie de la microfaune.
La pollution atmosphérique menace également la biodiversité aquatique. En effet, les océans ont capté depuis les années 1980 entre 20 et 30% des GES émis par l’homme. En conséquence, les eaux s’acidifient et la concentration en oxygène a diminué de 2% en un demi-siècle. Ces perturbations des écosystèmes marins modifient les comportements de certains poissons ainsi que la productivité du plancton. Les récifs coralliens ne survivent plus en eaux trop acides, ainsi que l’ensemble des organismes marins à coquille calcaire. 15% de la production de biomasse de l’océan pourrait ainsi disparaitre et la pêche perdrait jusqu’à 26% de ses ressources maritimes !
Zoom sur la pollution des sols
Le sol est la matrice d’une exceptionnelle biodiversité : dans une poignée de terre, il peut y avoir plus de 5 milliards d’êtres vivant. Grâce à eux, le sol rend à l’homme de nombreux services écosystémiques, tels que la régulation des aléas naturels, du cycle dés éléments ou encore de l’agriculture. La pollution des sols par les rejets industriels et domestiques, ainsi que par de mauvaises pratiques agricoles, perturbe l’équilibre chimique des végétaux. L’emploi non ciblé de produits phytosanitaires engendre des dégâts collatéraux sur la microfaune, qui est indispensable à la santé et à la qualité des sols.
Zoom sur la pollution des eaux
Mais encore ici, la pollution des eaux est directement liée à celle des sols : 80% des pollutions marines sont d’origine terrestre. Par exemple, la dissémination d’engrais à base de nitrates et de phosphates cause la prolifération d’algues à la surface des eaux, provoquant leur asphyxie puis leur envasement précipité. Ce phénomène d’eutrophisation concerne les lacs, les rivières ainsi que les eaux maritimes côtières. Autant d’écosystèmes en milieu maritime ou continental qui dépérissent. L’an passé, seulement 22% des habitats naturels présentaient un état de conservation favorable. L’impact sur la biodiversité est frappant : les espèces éteintes ou menacées s’élevaient à 26 % des espèces évaluées.
Finalement, la diversité de la faune et la flore constituent des écosystèmes sur lesquels nous pouvons nous baser, mais nos activités polluantes nous portent préjudice et restreignent nos opportunités. Entretenir la diversité des écosystèmes vivants nous ouvrirait les champs du possible, avec des solutions moins coûteuses et plus durables. À notre petite échelle, il est possible par exemple d’aménager les espaces pour laisser s’installer les pollinisateurs ainsi que la faune utile à la fertilité du sol. Générer moins de nuisances environnementales pour laisser la biodiversité nous proposer ses multiples services : des solutions fondées sur la nature !
Julien FONTAINE, Consultant Biodiversité
Sources :
- GIEC
- Ministère de la Transition Écologique
- Scientific Reports
- Planète Viable
- Surfrider Foundation
- Le Figaro
- Observatoire National de la Biodiversité (ONB)