biodiversite | 25/01/22

Biodiversité, ce qui change en 2022 !

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2022, une année de changement pour la biodiversité ?

La parution du rapport du GIEC et la COP26 en 2021 annoncent l’année 2022 comme une année phare pour le climat. Pourtant, l’enjeu est tout aussi décisif pour une autre crise environnementale majeure : celle de la biodiversité. 2022 semble vouloir s’imposer comme l’année du changement, notamment avec plusieurs rendez-vous marquants pour la biodiversité.  

Cinq évènements internationaux pour la biodiversité 

En effet, 2022 débute par un anniversaire : celui du Programme des Nations unies pour l’environnement qui fête ses 50 ans. Il est porteur de l’effort mondial pour agir contre les atteintes à l’environnement et est à l’origine de quelques belles victoires comme la réparation de la couche d’ozone, l’élimination de l’essence au plomb, l’alliance des services internationaux des douanes contre les trafics d’animaux ou de déchets, etc. Une session spéciale de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement se tiendra à Nairobi et en ligne, les 3 et 4 mars afin de marquer cet anniversaire.

De plus, initialement prévue en 2020, la COP15 Biodiversité organisée par la Convention de l’ONU sur la diversité biologique devrait se tenir du 25 avril au 8 mai 2022 à Kunming, en Chine. L’objectif est de fixer un cadre mondial de protection des écosystèmes et cela s’annonce prometteur. En effet, avec un objectif de 30% d’aires protégées sur terre et en mer, l’adoption d’une motion pour préserver 80 % de la forêt amazonienne et le soutien des pratiques agricoles moins néfastes pour le vivant, il y a de quoi redonner un élan à la biodiversité.

Dans le même registre, la capitale de la Suède accueillera les 2 et 3 juin prochains la réunion internationale “Stockholm+50 : une planète saine pour la prospérité de toutes et de tous – notre responsabilité, notre chance”. Ce sommet “réfléchira aux moyens d’agir en faveur d’une planète saine et de la prospérité de toutes et de tous ; d’assurer un relèvement durable et inclusif après la pandémie de COVID-19 et d’accélérer la mise en œuvre du volet environnemental du développement.” A noter que quelques jours plus tard, le 5 juin, aura lieu le 50ème anniversaire de la Journée mondiale de l’environnement.

De nouvelles réglementations devraient également voir le jour en 2022 suite au Congrès mondial pour la Nature, qui a eu lieu en septembre dernier à Marseille. Le manifeste adopté à l’occasion est destiné à diriger l’action mondiale vers la lutte contre les crises de la biodiversité et du climat. De même, les Nations unies ont inauguré en 2021 une décennie dédiée à la protection de l’Océan. Elle débute par le One Ocean Summit à Brest, du 9 au 11 février 2022. Ce sommet à la demande d’Emmanuel Macron doit accueillir une trentaine de chefs d’État, des scientifiques, des entreprises et représentants de la société civile. Des décisions autour du verdissement des ports et du fret maritime ou la lutte contre la pollution plastique seront, entre autres, au programme. Mais le principal sujet concernera la gouvernance de la haute mer représentant 60 % de la surface des océans et confrontée à une exploitation économique non régulée, car il n’y a pas de cadre juridique international. De quoi préparer les dirigeants avant la grande conférence des Nations unies sur les océans, à Lisbonne au Portugal, du 27 juin au 1er juillet 2022. Entre les deux dates, le gouvernement de la République des Palaos, archipel micronésien de l’ouest du Pacifique, organisera la septième conférence Our Ocean les 13 et 14 avril 2022 où il sera question de remobiliser l’effort pour atteindre les 30 % d’aires marines protégées.

Des nouvelles mesures entrant en vigueur en France : lutte contre les pollutions, agriculture, bien-être animal, aires protégées 

En France, des avancées en termes de préservation de la biodiversité sont à relever. En effet, concernant l’usage des pesticides, depuis 2017, les collectivités ont l’interdiction d’utiliser des produits phytosanitaires chimiques pour entretenir les espaces verts et la voirie, et depuis janvier 2019, cela est également valable pour les particuliers et les jardiniers amateurs. Ils peuvent dorénavant utiliser uniquement des produits d’origine naturelle. Désormais, à partir du 1er juillet 2022, selon un arrêté paru au Journal officiel, ces interdictions (hors produits phytopharmaceutiques de biocontrôle) sont étendues aux copropriétés, hôtels, terrains de campings, parcs d’attraction, zones commerciales, lieux de travail, établissements d’enseignement et de santé, certains équipements sportifs (pistes d’hippodrome, terrain de tennis sur gazon, golfs…), et les cimetières. Une nouvelle liste de substances soumises à la redevance pour pollutions diffuses, due par les distributeurs de pesticides, entre également en vigueur. Mauvaise nouvelle cependant, Emmanuel Macron s’apprête à autoriser de nouveau les néonicotinoïdes cette saison. Ces pesticides interdits depuis 2018, ont été réautorisés l’année dernière en France pour sauver les cultures de betteraves ravagées par la jaunisse. Cette année encore, par reconduction, ces insecticides particulièrement dangereux pour les pollinisateurs, devraient pouvoir être utilisés pour la campagne 2022.

En matière d’agriculture biologique, plusieurs changements sont à signaler concernant les règles de base de production et d’étiquetage des produits bio. Ces changements portent sur la disponibilité de nouvelles semences, l’interdiction de certaines mutilations animales (ébecquage, taille des dents…), l’élargissement des produits labellisables (lapins, cervidés, huiles essentielles, sel, etc.), les possibilités d’utilisation d’arômes et d’additifs, ou encore les règles d’importation. Si on s’intéresse à l’élevage cette fois, des mesures doivent également être prononcées concernant le bien-être animal avec une interdiction de la castration des porcelets à vif, un arrêt progressif de l’élimination des poussins mâles et la désignation d’un référent en charge du bien-être animal dans les élevages. Le sujet de la chasse refait également son apparition dans les débats pour l’élection présidentielle, notamment suite aux récents accidents.

Après le One Planet Summit en janvier 2021, consacré à la biodiversité, le gouvernement français présentait sa stratégie nationale pour les aires protégées afin de tenir son objectif de 30% de territoires protégés à l’horizon 2022, dont un tiers sous protection forte. Sachant que la France compte déjà 29,5% d’aires terrestres et 23,5% d’aires marines protégées.

De même, la loi « Climat et résilience » comporte de nombreuses dispositions visant à adapter les règles d’urbanisme pour lutter contre l’étalement urbain et protéger les écosystèmes de l’artificialisation des sols. L’artificialisation est définie “comme l’altération durable de tout ou partie des fonctions écologiques d’un sol, en particulier de ses fonctions biologiques, hydriques et climatiques, ainsi que de son potentiel agronomique par son occupation ou son usage”. Dans le but d’atteindre l’objectif national d’absence de toute artificialisation nette des sols en 2050, l’article 191 prévoit la diminution par deux du rythme de l’artificialisation dans les dix années suivant la date de promulgation de la loi. Cela s’effectuera tout d’abord avec l’inscription du zéro artificialisation nette (ZAN) dans le code de l’urbanisme, l’interdiction de création de nouvelles surfaces commerciales, la planification du développement des entrepôts, l’intégration de la nature en ville, la définition des friches, la gestion des déchets des opérations de démolition ou de rénovation ou encore l’inscription dans la loi des objectifs de la Stratégie nationale pour les aires protégées, etc.

Un évènement national incontournable 

Et enfin, à noter, l’édition 2022 du concours Capitale française de la Biodiversité est ouverte, communes et intercommunalités françaises sont invitées à candidater jusqu’au 31 janvier 2022. Cette année, le concours récompensera les collectivités afin de faire connaitre et de valoriser leurs réussites autour du thème « Paysage & Biodiversité » : prise en compte de la Trame verte bleue dans les documents d’urbanisme, conception et gestion écologique des espaces naturels, reconquête des paysages agricoles et des délaissés urbains, etc. Au-delà du simple concours, Capitale française de la Biodiversité permet de sensibiliser et de former les collectivités en valorisant les bonnes pratiques, les dispositifs d’animation territoriale et en favorisant des échanges entre acteurs locaux.

Selon les experts de l’IPBES1, « La santé des écosystèmes dont nous dépendons, ainsi que toutes les autres espèces, se dégrade plus vite que jamais. Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier ». C’est le moment d’agir face à cette crise majeure, peu importe votre échelle, mais comment faire ? Un premier pas pourrait être la réalisation d’un diagnostic biodiversité des sites de votre organisation afin de mieux comprendre ses interactions avec la biodiversité, ses impacts, ses dépendances, les risques et les opportunités. 

1IPBES : Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques

Julie ESCUDÉ – Consultante Biodiversité

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