La biodiversité est le laissé-pour-compte de l’environnement. Les discussions internationales étaient jusqu’ici centrées sur le climat ! La crise provoquée par la pandémie de COVID-19 nous a rappelé à l’ordre, en montrant notre vulnérabilité due à l’appauvrissement croissant de la biodiversité.
Pour faire face à cela, la Commission européenne a adopté deux stratégies favorables à la biodiversité. L’une globale, pour la biodiversité, dans le but de permettre de renforcer les liens entre la nature, les agriculteurs, les entreprises et les consommateurs ainsi qu’une stratégie « de la ferme à la table » afin de mettre en place un système alimentaire juste, sain et respectueux de l’environnement.
Les entreprises ont donc leur rôle à jouer, et non pas des moindres, dans la prise en compte des enjeux liés à la biodiversité. Le climat est un enjeu environnemental souvent bien compris et généralement intégré dans le fonctionnement de l’entreprise, mais ce n’est pas le cas de la biodiversité, malgré les liens évidents qui existent entre ses deux enjeux. C’est d’ailleurs ce que la récente étude de la Plateforme RSE a montré : elle est souvent le « parent pauvre » du reporting RSE. De façon générale, la biodiversité est rarement identifiée comme un risque significatif et n’est pas intégrée dans la stratégie de l’entreprise.
Pourtant, le Forum Economique Mondial (WEC) a publié début 2020 son rapport annuel des risques globaux mondiaux (Global Risks Report) mettant en lumière que pour la première fois, les cinq premières entrées de la liste des risques les plus susceptibles de survenir à l’horizon 2030, menaçant nos sociétés, sont liées au climat et à l’environnement. La perte de la biodiversité a donc fait son apparition en quatrième position de classement et en troisième position dans le classement des risques dont l’impact sera le plus fort. La pandémie mondiale est venue appuyer ces propos, là encore.
Le manque d’engagement est notamment dû à l’absence d’indicateur permettant d’analyser la préservation de la biodiversité. La réglementation tente de la rendre de plus en plus visible. On peut par exemple citer la récente modification de l’article 172 de la Loi de transition énergétique pour la croissance verte qui a élargi son champ d’application à la biodiversité des écosystèmes. Désormais, chaque investisseur devra expliquer sa contribution à la préservation de la biodiversité et les risques inhérents.
Il semble alors primordial d’intégrer les enjeux de biodiversité dans la stratégie d’entreprise en commençant par analyser l’impact des activités de cette dernière sur la biodiversité, notamment sa contribution aux différents facteurs d’érosion. Pour cela différents outils de mesure existent pour aider à définir sa stratégie : le GBS (Global Biodiversity Score) permettant de mesurer son empreinte biodiversité, lancé en mai 2020 et actuellement en phase de test, les méthodes ESR (évaluation des Services Rendus par les écosystèmes) et CEV (Comprendre, Evaluer et Valoriser), l’Audit Biodiversité, le diagnostic écologique, l’ACV Biodiversité … Aucun outil n’est parfait, mais ils ont le mérite d’être des bonnes bases sur lesquelles s’appuyer pour construire sa stratégie Biodiversité ! Aussi, rappelons que ces outils sont des outils de mesure, ce qui compte surtout c’est la prise en considération de l’enjeu qui en découle et surtout la sensibilisation des entreprises et de son écosystème.
Sources :
- Novethic « Loi Energie Climat, ce qu’il faut retenir »
- Avis de la Plateforme RSE : empreinte biodiversité des entreprises
- Global Risks Report 2020
Pauline HERRMANN – Consultante Développement Durable