B&B Hotels est un groupe hôtelier international gérant plus de 880 établissements à travers 17 pays, en Europe, au Brésil et en Amérique du Nord. En 2024, dans le cadre de sa stratégie RSE, B&B Hotels sollicite ekodev pour l’accompagner dans la structuration d’une démarche biodiversité, d’abord à l’échelle d’un site pilote, puis plus globalement, sur l’ensemble de son patrimoine immobilier.
Interview de Sophie Donabedian, Chief Sustainability Officer chez B&B Hotels, Hélène Vaillant-Lenglin, Directrice adjointe du site B&B Hotels de Magny-le-Hongre, et Roxane Daubié, Cheffe de projet Biodiversité chez ekodev
Un « diagnostic biodiversité » à Magny-le-Hongre : pourquoi s’être lancé, et pourquoi ce site ?
Sophie Donabedian, Chief Sustainability Officer chez B&B Hotels : Pour nous, la RSE, et tous les sujets qui en découlent, comme la biodiversité, doivent s’appliquer concrètement sur le terrain, et être incarnés par nos équipes, au plus près de nos activités, directement dans les hôtels. Nous savons que nos hôteliers font notre force, en se mobilisant pour faire vivre les projets sur le terrain, et dans le temps. La biodiversité étant un sujet relativement nouveau pour nous, nous avons décidé de l’aborder sous ce prisme, sur un site pilote, en appliquant une méthode nous permettant d’identifier ses enjeux biodiversité. L’objectif à terme étant de savoir quelles sont les actions pertinentes à déployer pour éviter & réduire nos impacts négatifs, et multiplier nos impacts positifs.
Le site de Disney à Magny-le-Hongre est rapidement apparu comme une évidence : c’est l’un de nos premiers sites historiques, il dispose d’un rayonnement international (ce qui nous permet d’apprécier les retours d’une clientèle pas seulement franco-française), et s’étend sur plus de 5 hectares. La surface du site est en effet un vrai plus : cela nous permet en quelque sorte de connaitre le « champs des possibles » en matière de biodiversité, et disposer d’un large panel d’actions potentiellement duplicables ailleurs, sur d’autres sites.
Quelles ont été les grandes étapes de ce diagnostic biodiversité et à quoi ont-elles servi ?
Roxane Daubié, Cheffe de projet Biodiversité chez ekodev : Ce premier projet s’est déroulé en 3 étapes. La première étape était la réalisation d’un état des lieux : pour d’une part, connaitre le contexte local en matière de biodiversité (zones d’intérêts écologiques à proximité, espèces présentes, actions portées à l’échelle du territoire etc.) et d’autre part, se familiariser avec les espaces du site et les pratiques en vigueur. Ici, les objectifs sont de faire le point sur ce qui est déjà bien fait et donc à poursuivre ; ce qu’il faut arrêter de faire, ou faire différemment ; et ce qu’il est possible de commencer à faire, pour apporter une vraie contribution positive.
La deuxième étape est celle de co-construction d’un plan d’action : pour définir les actions pertinentes à déployer au regard des enjeux identifiés grâce à l’état des lieux, et planifier la mise en œuvre des actions en fonction de différents critères, notamment le degré de faisabilité.
La troisième et dernière étape est celle du déploiement opérationnel.
Comment se passe le déploiement, quelles sont les actions mises en œuvre ?
Hélène Vaillant-Lenglin, Directrice adjointe du site B&B Hotels de Magny-le-Hongre : À l’issue de l’atelier de coconstruction du plan d’action, auquel nous avons participé avec plusieurs agents du site, nous avons sélectionné plusieurs actions à déployer sur site.
Nous avons commencé par modifier nos pratiques de gestion des espaces verts, en y intégrant de l’éco-pâturage, et en plantant des prairies fleuries. L’objectif étant de créer des espaces sanctuaires sur le site, pour augmenter ses capacités d’accueil de la faune sauvage (microfaune du sol, petits mammifères, insectes …) et limiter la fragmentation des habitats, tout en répondant à nos contraintes esthétiques.
Nous avons également installé des refuges à chauves-souris, un gite à abeilles solitaires, des nichoirs à oiseaux (mésanges et rougegorges.), des refuges à papillons, ainsi que des refuges à hérissons et écureuils puisque nous avons appris grâce au diagnostic qu’ils pourraient être utiles. Cela nous permet ainsi de contribuer à la préservation d’espèces protégées à l’échelle de notre territoire.
Dans les mois et années à venir, nous prévoyons de déployer un parcours de sensibilisation à la biodiversité et de poursuivre nos actions pour réduire la pollution lumineuse du site.
Que retirez-vous de la mise en place de ces actions ?
H.V-L. : Le site va encore gagner en attractivité : la prairie fleurie, au-delà d’être utile, notamment aux pollinisateurs, nous permet d’accueillir nos clients avec de belles fleurs ; les moutons attirent l’attention des familles, etc. Tout cela est aussi un plus en termes de qualité de vie au travail (QVT ) pour nos salariés, et plus largement, nous sommes motivés à l’idée de porter un projet qui a du sens, dans un contexte d’effondrement de la biodiversité. Il est nécessaire et urgent d’agir, et on apprécie de pouvoir contribuer, à notre échelle.
Comment se projet s’articule-t-il avec la stratégie RSE de B&B Hotels ?
S.D. : Ce projet a été la première brique d’une démarche biodiversité plus globale, intégrée à notre stratégie RSE. Il nous a permis de prendre conscience de l’ensemble des leviers très pragmatiques pour avancer sur le sujet de la biodiversité, notamment en raison de notre vaste patrimoine immobilier. L’objectif initial étant de dupliquer la démarche sur d’autres sites, nous avons voulu identifier quels étaient les sites prioritaires parmi l’ensemble de nos hôtels pour le faire.
Nous nous sommes donc lancés, avec ekodev, dans une étude cartographique de l’ensemble de notre patrimoine immobilier pour connaitre nos enjeux, et les prioriser. Nous en avons profité pour élargir la focale de l’étude, et nous intéresser également à nos risques et dépendances (et plus seulement à nos impacts), y compris sur d’autres thématiques liées à celle de la biodiversité, à savoir, l’eau et les aléas climatiques. Nous avons par ailleurs identifié des actions complémentaires à celles issues du diagnostic de l’hôtel de Magny-le-Hongre.
Grâce à cette étude, nous savons désormais quels sont les sites sur lesquels nous devons agir en priorité et les premières actions à enclencher.
Cela signifie que les actions déployées sur le site de Magny-le-Hongre doivent aussi être déployées sur ces sites prioritaires ?
R.D. : Pas nécessairement. Il existe des mesures qui sont réplicables, quasiment à l’identique, sur tous les sites du groupe B&B Hotels, comme la réduction des nuisances lumineuses, la mise en place de la gestion écologique des espaces verts (quand il y en a) etc. En effet, les sites présentent des similitudes en termes d’activité, de taille, d’enjeux opérationnels etc., ce qui donne du sens au fait de répliquer certaines actions. Cependant, ils ont aussi chacun des spécificités, qui sont à prendre en compte pour l’élaboration d’un plan d’action pertinent. Des actions spécifiques à chaque site, en fonction de ses caractéristiques propres, sont donc aussi à prévoir, notamment en fonction du contexte écologique local. Par exemple, les actions prioritaires ne seront pas les mêmes pour un hôtel situé à proximité immédiate d’une zone humide, et un hôtel implanté en milieu urbain. Les enjeux ne sont pas les mêmes, les actions à porter doivent donc être adaptées. Il est important de toujours garder en tête qu’en matière de biodiversité, la pertinence des actions est indissociable du contexte local. On peut donc avoir une base commune, mais toujours avec des déclinaisons spécifiques ! Et puis, quand on ajoute les dimensions de risques et dépendances, le plan d’action évolue aussi.
Et maintenant ? Quels sont les projets à venir pour donner suite à ce projet pilote, et l’étude cartographique ?
S. D. : Nous prévoyons de partager les résultats du projet pilote Disney et de l’étude cartographique à l’ensemble des pays afin qu’ils s’approprient la démarche et duplique certaines actions sur les sites identifiés comme prioritaires. L’objectif pour nous étant de préserver au mieux voir régénérer la biodiversité de nos sites.
Plus globalement nous souhaitons limiter l’impact sur la biodiversité de nos prochaines constructions en limitant les surfaces artificialisées. Et nous souhaitons dans les prochaines années définir une politique de gestion des risques climatiques, eau et biodiversité de nos hôtels.