mobilite | 25/08/20

Vélo & Déconfinement : Retour gagnant pour le vélo

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Si la pratique du vélo fait lentement son retour depuis les années 70, ces dernières années ont renforcé ce développement jusqu’à en faire l’un des principaux sujets de cette année 2020.

 

Le vélo, un mode de transport au cœur des sujets de mobilité

En 2018, le gouvernement a accompagné cet engouement en présentant le Plan « Vélo et mobilités actives », doté de 350 millions d’euros, notamment pour développer les pistes cyclables. Les objectifs de ce plan vélo sont ambitieux puisqu’il s’agit de faire du vélo un mode de transport à part entière en triplant sa part modale dans les déplacements du quotidien d’ici 2024, en passant de 3 à 9 %.

Ces objectifs ont depuis été repris et renforcés dans la loi d’orientation des mobilités en novembre 2019 (apprentissage, lutte contre le vol, amélioration de la complémentarité avec les transports en commun, création d’un « forfait mobilités durables » …).

Le contexte social et sanitaire de ces derniers mois a ensuite représenté un véritable accélérateur en termes de pratique et de politique cyclable. Comme en décembre 1995, la grève des transports de 2019 pousse les citadins à ressortir leur vélo, allant jusqu’à en doubler l’usage sur cette période. Cet engouement s’est poursuivi de manière plus intense en raison du contexte sanitaire lié à l’épidémie de COVID-19. Le vélo s’est révélé comme la solution la plus adaptée dans le cadre du « déconfinement », permettant ainsi d’allier les contraintes sanitaires, les enjeux environnementaux et éviter une hausse importante des embouteillages.

 

Réaction des acteurs publics et accélération des services et infrastructures

Favoriser le vélo nécessite alors d’impliquer l’ensemble des acteurs pour adapter les infrastructures et faciliter ces déplacements. Les collectivités réagissent par la création de « pistes temporaires » renommées « coronapistes ».

Le vélo ne subit donc pas le gel habituel des projets en pleine période d’élection municipale, en raison de l’urgence de la situation, mais aussi du faible impact que cela nécessite en termes de coût et d’investissement. Les agents des collectivités ont pu monter des projets d’aménagements cyclables en quelques semaines pour réaliser ces installations temporaires. On parle alors d’urbanisme tactique, permettant d’expérimenter facilement de nouveaux aménagements.

Au niveau national, l’opération « coup de pouce vélo », disponible dès le 11 mai, permet notamment de bénéficier d’une subvention de 50€ pour des travaux de remise en état de son vélo, mais offre aussi la prise en charge d’une séance d’accompagnement à l’usage du vélo, ou encore une prise en charge des coûts d’installation de stationnement temporaire pour les collectivités. Le 29 mai, la ministre de la Transition écologique et solidaire annonce même le triplement du budget de cette opération (de 20 à 60 M€).

En parallèle, pour aider ce secteur économique en plein développement, des centaines de réparateurs seront formés : 250 cet été, puis 500 personnes chaque année.

L’impact pressenti de la hausse du vélo sur les mois qui suivent le confinement se confirme sur les routes. Le dernier bulletin de Vélo et Territoire (qui s’appuient sur l’analyse d’un échantillon de 182 compteurs représentatifs) indiquant le nombre de passages de vélos comptabilisés du 1er janvier au 12 juillet est identique à celui observé l’an passé sur la même période. Ce même résultat est obtenu malgré huit semaines de mobilité au ralenti pour cause de confinement. Hors confinement, ce chiffre progresse donc de 31 %.

De son côté, le secteur du vélo (qui représente 650 000 emplois), est l’un des rares qui a augmenté son chiffre d’affaires avec la crise économique liée au contexte sanitaire. Les demandes de vélo (classique, électrique, pliable…) et de réparations ne cessent de croître.

 

Une transition à pérenniser

Si l’intérêt pour le vélo s’est confirmé ces derniers mois, bénéficiant de moyens et d’un engouement général, il reste encore beaucoup à faire pour pérenniser ce développement. En effet, selon le rapport « Impact économique et potentiel de développement des usages du vélo en France » (Ademe, DGE, DGITM, FFC, mai 2020), en poursuivant sur le rythme actuel, nous n’arriverons qu’à seulement 3,5 % de part modale en 2030. Nous sommes donc encore très loin d’atteindre l’objectif du Plan Vélo de 9% de part modale en 2024.

Pour espérer y parvenir, les professionnelles recommandent la mise en œuvre d’un véritable « système vélo ».

Cela consiste à poursuivre les investissements pour créer un réseau cyclable continu et sécurisé, en l’accompagnant d’un ensemble de mesures comportant une signalisation adaptée, le développement du stationnement, le déploiement de services, ou encore une réglementation adaptée à la pratique du vélo. Au-delà de la nécessité de répondre à cette situation d’urgence, il s’agit donc de profiter de cette opportunité pour pérenniser les aménagements en cours.

« Ne laissez pas la voiture reprendre la place ! » lançait aux collectivités Élisabeth Borne, le 29 mai dernier.

Si l’État a affiché sa volonté de poursuivre ces démarches, les collectivités devront être accompagnées. Le plan vélo de 2018 n’est en effet doté que de 50 millions d’euros par an sur sept ans.  À titre de comparaison, la Grande-Bretagne a annoncé en mai qu’elle débloquait l’équivalent de 2,5 milliards d’euros pour booster le vélo et la marche.

Le gouvernement français a cependant réagi en juillet lors de l’annonce du plan de relance par le Premier ministre, Jean Castex.

Le Premier ministre annonce des montants significatifs et inégalés en faveur d’un plan vélo très ambitieux et contractualisé avec les collectivités territoriales. D’ici 2021, l’ensemble des territoires devront être dotés de « contrats de développement écologique ».

Le Premier ministre a également fait l’éloge du vélo, en évoquant une « révolution » apportée par les nouveaux usages liés au développement des vélos électriques, et en soulignant les fortes attentes des jeunes générations à l’égard de ce mode de transport.

Les Français se montrent d’ailleurs particulièrement favorables à ce développement. Selon une étude de l’IFOP, en 2018 déjà, 83% des Français étaient favorables à ce que le projet de loi d’orientation des mobilités conduise à une augmentation de la place accordée au vélo en ville.

Le sujet, longtemps secondaire, apparaît aujourd’hui comme prioritaire et est affiché par des volontés politiques nationales et locales. La ville a longtemps été adaptée à la voiture, la prise de conscience actuelle tend à faire évoluer cette tendance en intégrant l’ensemble des modes, et notamment le vélo, qui bénéficie de nombreuses externalités positives (coût, économies des dépenses de santé, faible nécessité d’espace, réduction de la pollution atmosphérique et sonore…).

 

Une mobilisation des employeurs et la création d’un Label Employeur pro-vélo

Si les pouvoirs publics accélèrent leurs intentions sur le vélo, les employeurs ont eux aussi un rôle important à jouer dans ce « système vélo », en promouvant ce mode de transport et en construisant un cadre favorable à sa pratique pour les déplacements domicile-travail et professionnels.  En France, 20% des salariés travaillent à moins de 20 minutes à vélo de leur domicile. Cependant, seuls 3% utilisent ce mode de transport au quotidien.

Depuis plusieurs années, les employeurs sont de plus en plus impliqués sur le sujet de la mobilité, et amenés à répondre à des obligations réglementaires, permettant de développer l’usage des modes alternatifs à la voiture.

Depuis 2020, la loi d’orientation des mobilités renforce ces enjeux. Les entreprises dont au moins 50 salariés sont employés sur un même site sont aujourd’hui dans l’obligation d’intégrer les enjeux de mobilité dans le cadre des négociations annuelles obligatoires sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes et la qualité de vie au travail (code du travail Article L2242-17).

La Loi d’orientation des mobilités modifie également les dispositifs de prise en charge des frais de transports personnels des employés en permettant aux entreprises de proposer un « forfait mobilités durables ». L’employeur pourra décider d’accorder jusqu’à 400 € par an à ses salariés afin de les inciter à utiliser des modes de transports alternatifs (vélo, covoiturage, services de mobilité partagée…). Ce forfait de mobilités durables est de plus cumulable avec la prise en charge de 50% de l’abonnement de transports en commun dans la limite de 400€.

Les employeurs doivent donc véritablement s’approprier le sujet de la mobilité et apporter des réponses significatives sur les attentes grandissantes autour du vélo.

Pendant la période de confinement, ekodev, mobilisée par des associations d’étudiants, a réalisé une enquête sur les politiques vélo en entreprises. Cette enquête, diffusée du 27 avril au 11 mai 2020 a réuni 2 540 participants de 870 employeurs différents.

Les résultats mettent en exergue le retard des employeurs sur le sujet. Pas moins de 69 % des entreprises n’auraient aucune politique en faveur des déplacements à vélo de leurs salariés, seuls 30 % déclarent avoir connaissance de la mise en place d’un plan de mobilité par leur employeur, et seulement 22 % des répondants indiquent qu’un référent mobilité est identifié en interne.

Les défis autour du vélo sont multiples pour l’employeur : apporter des alternatives aux transports en commun dans le contexte sanitaire, améliorer les bien-être au travail ou encore promouvoir la marque employeur et répondre aux nouvelles attentes des jeunes générations.

 

Mettre en place une politique vélo nécessite cependant des compétences en interne ou un accompagnement par un prestataire spécialisé, permettant de structurer sa démarche autour de différents axes :

  • Estimation du potentiel de report modal du vélo au regard de la localisation des salariés par rapport à leur lieu de travail (étude de la localisation et des distances)
  • Enquête flash auprès des collaborateurs sur les attentes et enjeux autour du vélo
  • Étude et estimation de la mise en œuvre du forfait mobilités durables : estimation du potentiel de salariés, du coût, de la réduction en matière d’émissions de gaz à effet de serre
  • Accompagnement au déploiement du forfait mobilités durables : dispositif, cumul, solution prépayée (titre mobilité) ou incitation financière, justificatifs et suivi…
  • Amélioration des infrastructures de stationnement : quantification de l’espace nécessaire, études de l’infrastructure en fonction du contexte, de la demande et de l’espace sur le site.
  • Communication et sensibilisation sur la pratique du vélo : lever les différents freins psychologiques (équipements, perception des intempéries, sécurité, temps et adaptation de son trajet…), valoriser et illustrer les externalités positives (impacts sur la santé, le bien-être et la productivité, impact économique, impact écologique…)
  • Évènements et challenges pour stimuler la démarche

Dans ce contexte, les employeurs ont donc un rôle important et un intérêt à inciter le développement de la pratique du vélo. Pour être efficace, cette démarche doit être construite et suivie de manière structurée.

Pour favoriser le déploiement de politiques vélo par les employeurs, La FUB et l’ADEME, accompagnées d’ekodev, d’Allianz France, et de Cyclez, élaborent un label employeur pro-vélo dont les détails seront annoncés lors de la semaine européenne de la mobilité en septembre.

Cette certification délivrée par la FUB, experte reconnue depuis 40 ans sur la mobilité vélo au quotidien, vise à distinguer les employeurs privés et publics français de toutes tailles qui mettent en place des mesures pro-vélo ambitieuses et conformes à un cahier des charges.

Ce label permettra aux employeurs de développer ou poursuivre leur politique vélo à l’aide d’un référentiel, mais également de la valoriser et la faire évoluer dans le temps.

 

Sources :

 

Thomas ROULLOT – Consultant Mobilités Durables

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