biodiversite | 27/04/21

Comment atteindre l'objectif zéro pesticide ? Jardiner autrement

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Avec l’entrée en vigueur le 6 février 2014 de la loi n°2014-110, dite loi Labbé, qui interdit l’utilisation des produits phytosanitaires sur l’ensemble du territoire national à compter du 1er janvier 2017, l’État, les collectivités territoriales et les établissements publics ont dû totalement revoir leur mode de gestion des espaces verts.  Mais il est difficile de procéder, face à des pratiques nouvelles et un personnel non qualifié, à une gestion dite « écologique ».

Les pesticides, facteurs d’érosion de la biodiversité

La France est le 1er consommateur européen et le 3e mondial. Cela en raison de son usage intensif dans le secteur agricole : 90 % des pesticides sont utilisés pour l’agriculture. S’il est vrai que les pesticides ont contribué à l’amélioration de la santé publique en détruisant les insectes vecteurs de maladies, ils sont loin d’être sans risques pour l’environnement. Les pesticides affectent la qualité de l’air, de l’eau, du sol et des végétaux. Ils sont nocifs pour la biodiversité mais aussi pour la santé humaine. Les pesticides impactent négativement la qualité des écosystèmes, car une grande partie des substances actives déversées vont se disperser dans l’environnement sans même avoir été en contact avec l’organisme visé. S’ensuit la destruction d’organismes non ciblés comme des plantes, des insectes ou des oiseaux, et donc, une diminution de la biodiversité. Une fois cet équilibre écosystémique rompu, cela va être propice aux maladies et pullulations de certaines espèces. De manière générale, la contamination de l’environnement expose les populations à des risques, à plus ou moins long terme.

Face à ce bilan alarmant, l’état a décidé de prendre des décisions réglementaires.

Rappel du contexte réglementaire

L’objectif du plan Écophyto élaboré lors du grenelle de l’environnement était initialement une réduction de 50 % de l’usage des phytosanitaires, sur l’ensemble du territoire national, à l’horizon 2018. Le but étant a posteriori de supprimer totalement l’usage des pesticides et de favoriser les produits homologués en agriculture biologique, les produits de bio-contrôle et les produits à faible risque. En octobre 2015, constatant que l’objectif ne pourrait pas être réalisé pour 2018, le plan Ecophyto est renommé Écophyto 2 et fixe l’échéance à 2025. En effet, malgré une mobilisation de fonds publics estimés à 400 millions d’euros afin d’aider les cultures biologiques, la consommation en produits phytosanitaires avait, au lieu de diminuer, augmenté de 5 % par an en moyenne. Le 22 juin 2018, suite à l’annonce pour une « sortie du glyphosate », le plan Écophyto 2 intègre dans son plan d’action, un objectif de sortie du glyphosate et se renomme « Écophyto 2+ » (également écrit « Écophyto II+ »). Malgré tout cela, les plans Ecophyto sont des échecs et montrent que les français ne semblent pas prêts à diminuer leur consommation de pesticides.

Cependant, le contexte réglementaire est de plus en plus restrictif sur le sujet. Le 1er janvier 2019 la commercialisation et détention de produit phytosanitaires ont été interdits à l’usage non professionnel, et l’arrêté du 15 janvier 2021 a défini de nouvelles mesures de protection des personnes lors de l’utilisation de produits phytosanitaires dans les propriétés privées, les lieux fréquentés par le public et dans les lieux à usage collectif, lieux de travail y compris ! Le message est clair, il ne faut plus utiliser de pesticides et trouver des alternatives, mais comment ?

Comment atteindre l’objectif zéro phyto

La méthode la plus connue et la plus durable est la gestion différenciée des espaces verts, respectueuse de l’environnement. Mais qui dit absence de pesticide dit augmentation de la charge d’entretien. Garder le même niveau d’exigence en matière d’entretien que lorsque les pesticides étaient autorisés n’est pas une solution viable. On peut diviser la gestion en 3 différents types : « Horticole » pour un espace très entretenu, « Jardinée » pour un espace modéré et « Champêtre » pour un espace aux allures naturelles qui nécessite un entretien léger. Il est aussi possible d’aménager les espaces verts au préalable, afin de les adapter aux objectifs de prise en compte de l’aspect environnemental et au mode de gestion. Les agents techniques doivent être formés à ces nouvelles pratiques écologiques et doivent avoir du matériel moins lourd, moins bruyant, et qui ne pollue pas. Enfin il est indispensable de sensibiliser la population à l’acceptation de la végétation spontanée, et d’encourager chacun à devenir acteur en participant à des animations ou diverses actions de sensibilisation.

Comment cela se traduit en termes d’actions concrètes ?

Avant toute prise de décision, il est nécessaire de faire un état des lieux de l’existant et d’entamer une démarche de compréhension du fonctionnement des écosystèmes. Comment est structuré l’espace et quelles sont les pratiques de gestion actuelles ? Quelles sont les conséquences sur l’environnement ? Cela permet de définir les pistes d’amélioration des espaces végétalisés, notamment en termes de pratique de gestion, d’aménagement et de bénéfices environnementaux. Des actions comme favoriser les plantes vivaces qui demandent peu d’entretien, mettre du paillis, ou valoriser les déchets végétaux peuvent grandement impacter la valeur écologique d’un espace. Par la suite, il est possible de valoriser ces pratiques par des démarches de labellisation/certification. On peut citer les labels EVE (Espace Végétal Ecologique) ou encore le label Ecojardin qui permettent d’assurer que le gestionnaire du site est bien dans une démarche de gestion écologique.

L’évolution progressive de la réglementation a laissé le temps aux solutions de se développer : elles sont là, il n’y a plus qu’à les déployer. Alors, qu’est-ce que l’on attend pour mettre en place des espaces verts gérés durablement ?

 

Sources :

  • Objectif zéro phytosanitaire dans les espaces verts. CAUE 95
  • Zéro Phyto dans les espaces verts publics et privés. CAUE actualités
  • En route vers le « Zéro phyto ». Club Techni. Cités
  • Le « zéro Phyto », c’est pour demain ! Emmanuel MALARET
  • Zéro Phyto : la gestion des espaces verts. Mauge sur Loire
  • Plan ECOPHYTO II. MINISTERE DE L’AGRICULTURE DE L’AGROALIMENTAIRE ET DE LA FORET & Ministère de l’écologie, du Développement durable et de l’Energie
  • Plan ECOPHYTO 2 +. Ministère des solidarités et de la santé
  • Extension de la loi Labbé. Préfet de la région Occitanie
  • Tout sur la « Loi Labbé ». STOP PESTICIDES

Mélissa DELYS – Consultante Biodiversité

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